Cancer du sein et irradiation : des pratiques françaises qui manquent encore d’homogénéisation

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Une enquête en ligne s’est intéressée aux pratiques françaises de radiothérapie dans la prise en charge du cancer du sein. Malgré l’existence de références nationales et internationales, les pratiques françaises s’avèrent très disparates d’un centre de soin à l’autre. 

Les résultats de cette enquête soulignent la nécessité d’uniformiser les pratiques dans ce domaine, en particulier en ce qui concerne les techniques utilisées, les doses prescrites et les indications pour l’irradiation des aires ganglionnaires.

Pourquoi est-ce important ?

La prise en charge du cancer du sein a considérablement évolué ces dernières années. Les praticiens n’ont eu de cesse de vouloir en réduire la toxicité. Plusieurs questions restent cependant débattues, notamment en ce qui concerne la radiothérapie hypofractionnée, l’irradiation partielle du sein, l’irradiation de la chaîne mammaire interne et de l’aire ganglionnaire axillaire. Cette enquête offre un panorama des pratiques actuelles et incite à avancer vers une plus grande harmonisation.

Méthodologie

Cette enquête portait sur 22 questions en lien avec les indications d’irradiation des aires ganglionnaires sus-claviculaires, mammaires internes et axillaires, ainsi que sur les techniques et modalités d’irradiation, les doses prescrites et le fractionnement des doses. Elle a été transmise à tous les centres de lutte contre le cancer ainsi qu’aux centres de radiothérapie universitaires (47 chefs de service de radiothérapie).

Principaux résultats

Sur les 47 centres, 23 ont répondu (51%). Pour 10 centres, tous les cas étaient systématiquement présentés en comité technique de radiothérapie, 7 ne présentaient que les cas difficiles et six ne les évoquaient jamais dans ce contexte. Les auteurs ont supposé que ces différences pouvaient s’expliquer par la publication récente de recommandations de l’European Society for Radiotherapy and Oncology (ESTRO) et de l’American Society for Radiotherapy and Oncology (ASTRO) qui ont contribué à encadrer la pratique. Tous les centres répondeurs ont déclaré réaliser l’irradiation du sein et de la paroi thoracique en radiothérapie tridimensionnelle. Par ailleurs, 30% ont déclaré réaliser des irradiations tridimentionnelles monocentriques de manière systématique alors que la majorité réservait cette technique à certains cas ou ne la pratiquait jamais. Après mastectomie, la majorité des répondants n’utilise pas de faisceaux d’électrons ou d’irradiation systématique de la paroi par faisceau d’électrons. 74% des centres répondeurs utilisent la radiothérapie à modulation d’intensité (RCMI) en cas de pectus excavatum et 61% l’irradiation bilatérale de la paroi thoracique associée à des zones ganglionnaires régionales. Un centre traite systématiquement le cancer du sein par RCMI et cinq jamais. Si aucun centre ne pratique de boost par curithérapie, 91% réalisent des boost d’irradiation externe avec photons et 61% par électrons. Dans 96% des cas, le boost est séquentiel. Tous les centres irradient la zone supraclaviculaire en cas de maladie macroscopie identifiée après dissection des ganglions sentinelles et axillaires et présence de ≥5 ganglions lymphatiques affectés sur 10. En revanche, en cas de présence de cellules microscopiques dans la même situation, la pratique de l’irradiation de zone ganglionnaire est très disparate : 54% des répondants n’irradient aucune zone ganglionnaire, 19% n’irradient que l’aire supraclaviculaire, 8% irradient toute l’aire ganglionnaire. Concernant la radiothérapie hypofractionnée, 74% de centres utilisent une dose totale de 40 Gy en 15 fractions.