Cancer du sein et fatigue : la recherche avance !

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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« Cette étude a été conduite afin d’évaluer la gravité de la fatigue liée au cancer dans un groupe de patientes atteintes d’un cancer du sein sous chimiothérapie et d’explorer l’association entre les scores de fatigue et les facteurs sociodémographiques, cliniques, biologiques, psychiatriques et génétiques. Une meilleure compréhension de ces facteurs permettrait aux cliniciens de prioriser la prise en charge des patients à haut risque de développer de la fatigue pendant la chimiothérapie. Cette approche personnalisée vise à adapter les interventions physiques/psychologiques/cognitivo-comportementales pour atténuer la fatigue et améliorer la qualité de vie des patients et de leurs familles. » Aline Hajj, Professeur Associé, PharmD, PhD, Laboratoire de Pharmacologie, Pharmacie clinique, Liban.

 

À retenir

La fatigue est l’un des symptômes les plus fréquemment rapportés par les patientes traitées pour un cancer du sein. Les mécanismes liés à la fatigue ne sont pas encore aujourd’hui totalement élucidés. Une étude s’est intéressée à l’exploration de certains facteurs biologiques, cliniques et génétiques de la fatigue. Celle-ci révèle que :

  • Plus de 4 patientes sur 10 traitées pour un cancer du sein ont un niveau de fatigue cliniquement significatif,
  • Un faible taux d’hémoglobine est associé à un risque plus élevé de fatigue,
  • Certaines prédispositions génétiques pourraient expliquer les différences de niveaux de fatigue d’une patiente à l’autre.

 

Pourquoi est-ce important ?

Une meilleure compréhension des facteurs prédisposant certains patients traités pour un cancer à une plus grande sensibilité à la fatigue permettrait d’apporter une prise en charge plus adaptée. La toxicité hématologique de la chimiothérapie est un enjeu majeur de la prise en charge du cancer du sein et les données présentées ici soulignent tout l’intérêt d’une prise en charge optimisée et personnalisée pour limiter la fatigue.

 

Méthodologie

Cette étude pilote a été menée au centre hospitalo-universitaire Hôtel-Dieu de France de Beyrouth (Liban) et a inclus 67 femmes traitées par chimiothérapie pour cancer du sein entre novembre 2017 et juin 2019. Ces patientes ont répondu à un questionnaire sur la qualité de vie, le EORTC QLQ-C30, European Organization for the Research and Treatment of Cancer Quality of Life Questionnaire noté entre 0 et 100, un score plus élevé indiquant un niveau de fatigue le plus important. 

 

Principaux résultats

Au total, 67 femmes atteintes de cancer du sein (âge moyen 56 ans) ont été incluses dans cette étude. Parmi cette population, 46% souffraient de fatigue cliniquement significative (score moyen 42,12 sur l’échelle EORTC QLQ-C30). Les analyses bivariées ont montré que les patientes ayant des métastases, notamment osseuses, étaient plus susceptibles d’avoir une fatigue sévère. Il en était de même pour les patientes sous chimiothérapie palliative et celles traitées par capécitabine. Les patientes en aplasie (diminution des nombres des trois lignées cellulaires sanguines, globules rouges, globules blancs et plaquettes) avaient des scores de fatigue significativement plus élevés que les autres. Le nombre de cycles de chimiothérapie a également été associé à un niveau de fatigue plus élevé. En revanche, la douleur, le sommeil, l’activité et les facteurs génétiques ne l’ont pas été de façon significative.

En analyses multivariées, deux facteurs ont été significativement associés à un score élevé de fatigue : un nombre élevé de cycles de chimiothérapie (odds ratio 1,51 [1,07-2,12] ; p=0, 004) et un taux d’hémoglobine faible (0,67 [0,45-0,99] ; p=0,046).

Des facteurs génétiques ont également été évalués. Les analyses ont souligné qu’il existait une forte association entre le fait d’être porteur d’au moins un allèle C (génotypes CC ou CT) pour le polymorphisme (c.957C>T, rs6277) du gène DRD2 (codant pour le récepteur dopaminergique D2) et le risque d’exprimer de la fatigue par rapport au fait d’être de génotype TT (OR 4,09 [1,02-16,48], p=0,047).

 

Principales limitations

Il s’agit d’une étude pilote portant sur un nombre limité de patientes.