Cancer du sein : est-ce que le statut HER2 évolue avec la progression de la maladie ?

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À retenir

  • Une équipe française montre que le statut HER2 (récepteur 2 du facteur de croissance épidermoïde humain ou Human Epidermal Growth Receptor-2) négatif ou faible au moment du diagnostic peut évoluer avec la progression du cancer du sein en HER2 faible.
  • Alors que les tumeurs HER2 positives conservent généralement ce statut avec l’évolution de la maladie, les tumeurs primitives HER2 négatives ou à faible taux évolueraient en partie vers un statut HER2 faible en cas de récidives locales ou de métastases à distance. En particulier dans les tumeurs à récepteurs hormonaux (HR positives, de type luminal).
  • Plusieurs critères ont été associés à cette évolution : tumeurs exprimant ou non des récepteurs aux œstrogènes, faible indice de prolifération et délai de récidive tardive.
  • « La reconnaissance de cette nouvelle entité [tumeur primitive du sein à taux faibles HER2] est à mettre en lien avec le développement récent de nouvelles thérapies à base d’anticorps et de médicaments anti-HER2 qui pourraient s’avérer efficaces chez les patientes atteintes de tumeurs à faible taux d’HER2 » précisent les auteurs.

Pourquoi est-ce important ?

Les tumeurs HER2+ sont souvent agressives et ont un mauvais pronostic sans traitement. Le pronostic de ces cancers a cependant évolué favorablement avec le développement de nouvelles thérapeutiques depuis le début des années 2000. Cette classification reste maintenue dans les dernières recommandations internationales du College of American Pathologists (2018 ASCO/CAP). L’expression HER2 est souvent négative ou faible pour les cancers du sein primitifs. La classification HER2 positif ou négatif est actuellement bouleversée par le fait que des thérapies anti-HER2 se sont révélées efficaces chez des patientes dont l’expression HER2 était faible et qui étaient jusqu’à présent considérées comme HER2-. Or, les tumeurs HER2 faibles peuvent représenter jusqu’à 55% de tous les cancers du sein. D’où l’intérêt de cette étude qui permet de combler cette lacune et d’ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques à ces femmes.

Méthodologie

Cette étude a observé l’évolution du statut HER2 entre les tumeurs primitives du sein et les récidives (locales ou métastatiques à distance). Les facteurs prédictifs (cliniques et pathologiques) associés à cette évolution ont également été recherchés. Les analyses ont porté sur tous les cas de cancer du sein primitif et les récidives de cancer du sein appariés en fonction du type de rechute enregistré dans la base de données du centre de prise en charge du cancer Georges-François Leclerc de Dijon.

Principaux résultats

Les analyses ont porté sur 512 femmes (âge moyen 55,8 ans) atteintes de cancer du sein. Parmi elles, 32,2% étaient au stade I de la maladie, 35% au stade II, 25,0% au stade III et 7,8% au stade IV. Près des trois-quarts des femmes avaient des métastases. Le délai médian depuis le diagnostic était de 60 mois (60 mois pour une récidive locale et 77 mois pour l’apparition de métastases). Au moment du diagnostic, 71,3% des patientes présentaient une tumeur positive aux récepteurs hormonaux (HR+), 15,8% HER2+ (HR+ ou HR-) et 11,7% des tumeurs triple-négatives.

Les tumeurs primitives à faible taux de HER2 au moment du diagnostic représentaient un peu moins de la moitié de l’échantillon total de l’étude (44,9%), suivies des tumeurs HER2 négatives (39,3%) et des tumeurs HER2 positives (15,8%). Une différence faible – mais statistiquement significative – a été observée dans l’expression des récepteurs aux oestrogènes (RE) entre les tumeurs à faible taux de HER2 (expression du RE plus élevée) et les tumeurs HER2 négatives au moment du diagnostic. Le statut HER2 faible était également plus répandu parmi les tumeurs HR+ (type luminal) que parmi les tumeurs HR-, tant au moment du diagnostic qu’au moment de la récidive. D’autres études sont cependant nécessaires avant de pouvoir conclure à une association entre le statut HER2 faible et le statut HR.

Une discordance significative a été mise en évidence dans l’expression en HER2 entre les tumeurs primitives et les récidives appariées : le statut HER2 avait changé dans plus d’un tiers (37,3%) des récidives de tumeurs. Ces évolutions concernaient surtout les tumeurs qui au diagnostic étaient HER2 négatives et qui évoluaient à un stade avancé en tumeur HER2 à taux faible (50% des récidives avaient un statut HER2 faible contre 44,9% des tumeurs primitives).

La modification du statut HER2 dans les métastases à distance était associée à un taux de prolifération plus faible et à une expression en ER plus élevée dans les tumeurs primitives. Et parmi les métastases de tumeurs à récepteurs hormonaux positifs (HR+) à une expression faible des récepteurs à la progestérone dans la tumeur primitive.