Cancer du sein : enfin un marqueur diagnostique et pronostique des métastases cérébrales ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

À ce jour, il n’existe pas de biomarqueur sérique validé permettant de diagnostiquer précocement les métastases cérébrales, et la capacité pronostique des biomarqueurs sériques actuels reste incertaine. Une équipe française a évalué l’association entre les taux sériques de neurofilaments à chaîne légère (NfL), d’ubiquitine hydrolase C-terminale L1 (UCHL1), de protéine acide fibrillaire (GFAP) et de protéines tau, et le pronostic de patientes atteintes de cancer du sein avec ou sans métastases cérébrales. Les chercheurs ont mis en évidence que :

  • même si ces quatre marqueurs biologiques étaient augmentés en cas de métastases cérébrales, l’augmentation des taux de GFAP était bien plus prononcée ;
  • la combinaison de plusieurs de ces marqueurs n’augmente pas la discrimination du test ;
  • en analyse multivariée, le GFAP était le seul marqueur significativement associé à la présence de métastases cérébrales ;
  • en dehors de sa valeur diagnostique, le GFAP pourrait constituer un marqueur pronostic d’intérêt en cas de métastases cérébrales chez les femmes souffrant de cancer du sein.

Bien que ces données nécessitent encore être validées sur une cohorte indépendante, elles constituent déjà une avancée importante. Et ce, d’autant plus que le cancer du sein est le premier cancer féminin en termes de fréquence et la seconde cause la plus fréquente de métastases cérébrales. Du fait du rallongement de la survie post-cancer du sein, l’incidence de ces métastases est en augmentation. Il est donc important de pouvoir dépister précocement les formes asymptomatiques. 

 

Méthodologie et principaux résultats

Au total, 147 patientes atteintes de cancer du sein ont été incluses dans l’étude, dont 100 ayant des métastases cérébrales. L’âge médian des participantes était de 49,5 ans lors des prélèvements sanguins en vue de l’analyse. Les proportions de femmes ayant moins et plus de 50 ans étaient similaires dans les deux groupes. Les tumeurs canalaires étaient les plus fréquentes (93,6% et 80,0% respectivement dans le groupe avec et sans métastases). Les sous-types de cancer du sein étaient répartis de manière similaire entre les groupes, avec au global 20,4% de tumeur de type HER2+/HR+, 21,1% de HER2+/HR-, 29,9% de HER2-/HR+ et 28,6% de triples négatifs. Les femmes ayant 3 sites métastatiques ou plus étaient significativement plus nombreuses dans le groupe de femmes ayant des métastases cérébrales, en rapport probablement avec le fait que ces tumeurs sont tardives (88,0% versus 42,6%). Les données ont été collectées entre 2007 et 2016. Au moment des analyses 93,0% des femmes atteintes de tumeurs cérébrales étaient décédées, contre 68,1% des femmes sans métastases. La survie médiane sans progression était de 4,2 mois.

Les taux sériques médians des quatre marqueurs mesurés étaient significativement plus élevés chez les patientes atteintes de métastases cérébrales : 30,30 pg/mL pour le NfL, 10,67 pg/mL pour le UCHL1, 0,55 pg/mL pour la protéine tau et 189,60 pg/mL pour le GFAP.

L’aire sous la courbe (ASC) du GFAP était significativement plus élevée que celles des autres biomarqueurs (0,82 [0,75-0,88] versus 0,62 [0,53-0,71], 0,61 [0,51-0,71] et 0,56 [0,50-0,66] respectivement pour le NfL, UCHL1 et la protéine tau).

Si en analyse univariée les taux sériques élevés des quatre marqueurs biologiques étaient associés aux métastases cérébrales, en revanche, en analyse multivariée, seuls les taux élevés de GFAP l’étaient avec un Odd ratio de 23,4 [6,8-80,5], p<0,001.

Ainsi, les chercheurs concluent que les taux élevés de GFAP sont indépendamment associés à un mauvais pronostic. Ainsi, ce biomarqueur s’est révélé être un marqueur diagnostique et pronostique plus performant des tumeurs cérébrales chez les patientes souffrant de cancer du sein avec métastases cérébrales.