Cancer du sein : comment réduire le risque de stomatite avec l’évérolimus

  • Univadis
  • Clinical Summary
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

L’utilisation de l’inhibiteur de mTOR, évérolimus, dans le cadre du traitement du cancer du sein métastatique à récepteurs hormonaux positifs (Hormone Receptor-positive, HR+)/récepteur 2 du facteur de croissance épidermique humain (Human Epidermal Growth Factor Receptor-negative, HER2-) survenant après la ménopause, peut être freinée par le développement d’une stomatite/d’ulcères buccaux, pouvant conduire à des réductions de dose et un arrêt du traitement.

Selon un groupe de chercheurs allemands, une nouvelle approche consistant à augmenter lentement la dose d’évérolimus réduirait le risque de survenue de cet événement indésirable.

Au lieu d’instaurer le traitement de la manière habituelle à la dose complète de 10 mg/jour, ils ont choisi d’augmenter progressivement la dose. Des femmes ont reçu 2,5 mg/jour pendant la première semaine ; 5 mg/jour la deuxième semaine ; 7,5 mg/jour pendant la troisième semaine ; puis la dose complète à partir de la quatrième semaine. L’évérolimus a été administré avec de l’exémestane, un inhibiteur de l’aromatase, une association fréquente pour le traitement de cette maladie.

Les femmes ayant reçu de l’évérolimus en suivant cette augmentation lente de la dose étaient moins à risque de développer des ulcères buccaux que celles ayant reçu la dose complète dès le départ.

« Un schéma avec escalade de la dose d’évérolimus sur 3 semaines peut être mis en œuvre pour réduire l’incidence de la stomatite de haut grade au cours des 12 premières semaines de traitement. Il pourrait s’agir d’une stratégie alternative pour réduire la stomatite liée à l’évérolimus, car l’utilisation d’un bain de bouche à base de stéroïdes est associée à un risque faible, mais réel, de développer une candidose orale », affirment les investigateurs, emmenés par le professeur Marcus Schmidt, professeur d’oncologie à l’Université Johannes Gutenberg de Mayence, en Allemagne.

Cette « approche constitue une option très sûre et viable pour traiter les patientes atteintes d’une maladie HR+ par évérolimus et exémestane », a commenté le Dr Jame Abraham, président du service d’Hématologie et d’Oncologie médicale à la clinique de Cleveland (Cleveland Clinic), dans l’Ohio. Non impliqué dans l’étude, ce dernier a été sollicité par Medscape Medical News pour commenter l’étude.

L’étude a été publiée dans l’édition de décembre de l’ESMO Open.

La nouvelle approche consistant à augmenter lentement la dose d’évérolimus a été comparée au schéma standard dans l’essai contrôlé randomisé DESIREE. Les résultats montrent que l’incidence de la stomatite de grade 2 ou plus au cours des 3 premiers mois de traitement était de 28,8 % chez les 80 femmes ayant fait l’objet d’une augmentation de la dose, contre 46,1 % chez les 76 femmes ayant reçu 10 mg/jour dès le départ.

Le taux d’arrêt du traitement au cours des 3 premières semaines était plus faible avec l’augmentation de la dose que dans le bras ayant reçu 10 mg/jour dès le départ (6,3 % contre 15,8 %, respectivement ; P = 0,073).

Les femmes du groupe ayant fait l’objet d’une augmentation de la dose ont également reçu plus de médicament, soit 91,1 % de la dose d’évérolimus prescrite, contre 80 % de la dose prescrite dans le bras ayant reçu 10 mg/jour dès le départ (P = 0,329).

« L’étude DESIREE a satisfait son critère d’évaluation principal et a démontré qu’un schéma avec escalade de la dose d’évérolimus sur 3 semaines peut être mis en œuvre pour réduire l’incidence de la stomatite de haut grade au cours des 12 premières semaines de traitement », ont écrit les auteurs.

La réduction de la stomatite observée dans cet essai était comparable à plusieurs rapports antérieurs concernant les bains de bouche à la dexaméthasone, mais elle n’était pas aussi robuste que celle décrite dans d’autres rapports, commentent-ils.

« Étant donné que la stomatite est un effet secondaire fréquent des thérapies ciblées pour le cancer du sein, il pourrait être utile d’étudier si l’utilisation de schémas posologiques avec augmentation progressive de la dose pourrait améliorer la tolérabilité à d’autres nouveaux agents ciblés », ajoutent-ils.

Davantage de patientes présentaient une progression de la maladie à 24 semaines dans le groupe ayant d’abord reçu une dose faible. La différence n’était pas statistiquement significative, notent les auteurs, et pourrait être partiellement expliquée par les différences dans les caractéristiques des patientes entre les deux groupes. Davantage de femmes du groupe ayant fait l’objet d’une augmentation progressive de la dose présentaient de mauvais scores de performance, et elles présentaient également plus de sites métastatiques et plus de métastases hépatiques.

Cependant, les investigateurs mettent en garde et précisent « nous ne pouvons pas exclure une efficacité plus faible » dans le bras de l’augmentation progressive de la dose.

« C’est quelque peu inquiétant, car cela soulève la question de savoir si nous perdons notre temps, par ailleurs précieux, à essayer de contrôler le cancer du sein métastatique en commençant à des doses plus faibles pour réduire le risque de stomatite », et des études plus approfondies sont nécessaires, a déclaré Siddhartha Yadav, oncologue médical à la clinique Mayo (Mayo Clinic) de Rochester, qui n’a pas participé à l’étude.

L’article a été adapté de sa forme originale, rédigée par M. Alexander Otto et parue sur Medscape.com, qui fait partie du réseau professionnel Medscape.