Cancer du sein avancé : trastuzumab déruxtécan versus trastuzumab emtansine

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • Chez les sujets atteints de cancer du sein métastatique dont la tumeur exprime le récepteur du facteur de croissance épidermique humaine (HER2+) et en échec d’un précédent traitement par trastuzumab et taxane, la survie sans progression de la maladie est plus importante sous trastuzumab déruxtécan (TDXD) versus trastuzumab emtansine (T-DM1).
  • En revanche, le taux de pneumopathies interstitielles est plus important sous TDXD que sous T-DM1.

Pourquoi est-ce important ?

Environ 20% des cancers du sein sont de type HER2+. Le T-DM1 est l’option thérapeutique actuellement utilisée dans le cancer du sein métastatique HER2+ lorsque la maladie progresse malgré l’administration de l’association d’un anti-HER2 et d’un taxane. Selon l’essai EMILIA, T-DM1 apporterait une survie sans progression de la maladie de 9,6 mois et une survie médiane globale de 30,9 mois. Il était intéressant de savoir si le TDXD, un anticorps anti-médicament pouvait faire mieux. 

Le TDXD a bénéficié en mai 2022 d’un accès précoce en France en monothérapie dans le traitement des patients adultes ayant un cancer HER2+ non résécable ou métastatique ayant reçu préalablement une ligne de traitement anti-HER2. Les patients doivent avoir reçu un traitement antérieur pour une maladie localement avancée ou métastatique ou avoir présenté une progression de la maladie au cours d’un traitement adjuvant ou des six mois suivant la fin du traitement.

Méthodologie

Cette étude de phase 3 multicentrique menée en ouvert est un essai randomisé qui compare l’efficacité et la sécurité d’emploi du TDXD (un anticorps conjugué anti-HER2) avec le T-DM1 chez des patientes atteintes de cancer du sein HER2+ métastatique et précédemment traitée par trastuzumab et taxane. 

Principaux résultats

Au total 524 patientes ont été incluses dans les 169 centres participants. La durée médiane de suivi était de 16,2 mois sous TDXD et 15,3 mois sous T-DM1. La durée médiane de traitement était de 14,3 mois sous TDXD et de 6,9 mois sous T-DM1.

À 12 mois, les chances de survie sans progression de la maladie (critère principal d’évaluation) étaient nettement supérieures pour les femmes traitées par TDXD versus celles traitées par T-DM1 : 75,8% versus34,1%, soit un hazard ratio de progression ou décès toutes causes confondues de 0,28 [0,22-0,37], p<0,001.

Toujours à 12 mois post-initiation de l’étude, les chances de survie étaient supérieures pour les femmes traitées par TDXD que pour celles traitées par T-DM1 : 94,1% versus 85,9%, soit un hazard ratio de 0,55 [0,36-0,86], borne de significativité pré-spécifiée non atteinte, données immatures.

Sur l’ensemble de la population, des effets indésirables étaient relatés chez 98,1% des femmes traitées par TDXD et 86,6% de celles traitées par T-DM1. En revanche, 45,1% des patients avaient eu un effet indésirable de grade 3 ou 4 sous TDXD, contre 39,8% de celles du second T-DM1. Les plus fréquents des effets indésirables – tous confondus - sous TDXD étaient des nausées (72,8%), de la fatigue (44,7%), des vomissements (44,0%), l’alopécie (36,2%). Ces mêmes effets indésirables étaient rapportés chez 27,6%, 29,5%, 5,7% et 2,3% des patientes respectivement sous T-DM1). Les effets indésirables de grade 3 ou 4 les plus fréquents sous TDXD était la neutropénie (19,1%), la thrombopénie (7,0%), la leucopénie (6,6%) et les nausées (6,6%). Ils apparaissaient chez 3,1%, 24,9%, 0,4% et 0,4% des patients sous T-DM1.

Une pneumopathie interstitielle est survenue chez 10,5% des patientes sous TDXD contre 1,9% des patientes de l’autre groupe (aucun n’était de grade 4 ou 5).

Financements

Étude financée par les laboratoires Daiichi Sankyo et AstraZeneca.