Cancer du sein : évolution du score de calcification des artères coronaires (CAC) post-radiothérapie
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- Une augmentation du score de calcification des artères coronaires (CAC) a été constatée 2 ans après la radiothérapie pour cancer du sein.
- Un score CAC >0 avant traitement était un facteur de risque majeur de progression du score CAC. D’autres facteurs de risque ont été mis en évidence, comme l’âge, la présence d’une hypertension, d’un diabète ou d’un traitement pour une pathologie cardiovasculaire (y compris une statine).
Les auteurs ont mis en évidence « une association entre l’exposition du ventricule gauche et le risque de progression du score CAC dans les deux ans post-radiothérapie pour cancer du sein, même après ajustement sur les facteurs intrinsèques de risque cardiovasculaire. Cette augmentation est principalement la conséquence de l’augmentation du score CAC dans la coronaire descendante gauche potentiellement du fait de son exposition, qui doit cependant être confirmée ».
Pourquoi est-ce important ?
Des coronaropathies radio-induites peuvent survenir plusieurs années après un traitement par radiothérapie pour cancer du sein. Ce risque serait proportionnel à l’augmentation des doses de radiation, avec une augmentation de 7,4% à 16,5% pour tout Gy supplémentaire selon les études. L’augmentation du score CAC est un facteur prédictif du risque de coronaropathie mesurable bien avant l’apparition des premiers signes cliniques de ces maladies. D’où l’intérêt de mieux connaître l’évolution de ce score sur une population traitée par radiothérapie pour cancer du sein.
Méthodologie
Cette étude prospective (BACCARAT pour BreAst Cancer and CARrdiotoxicity Indiced by RAdioTherapy) a évalué l’association entre l’exposition cardiaque à la radiation et l’évolution du CAC (avant et 2 ans après une radiothérapie) chez des femmes traitées pour cancer du sein par radiothérapie, sans chimiothérapie.
La progression du CAC a été définie par une augmentation globale du score CAC (différence supérieure à 0 par rapport à l’inclusion. La dosimétrie a été évaluée sur le cœur entier, le ventricule gauche et les artères coronaires.
Principaux résultats
Au global, 101 patientes traitées pour cancer du sein ont été incluses. Parmi elles, 84 avaient une atteinte sur le sein gauche et 17 sur le sein droit. L’âge moyen à l’inclusion était de 58,4 ans, l’indice de masse corporelle moyen (IMC) était de 24,4 kg/m2. Pour la majorité des patientes (75%) le protocole standard d’irradiation avait été appliqué (50 Gy) et seulement 25% des femmes ont bénéficié d’un protocole par irradiation hypofractionnée. Si l’on s’intéresse aux facteurs de risque cardiovasculaire de cette population, 7% avaient un diabète, 15% une hypertension artérielle, et environ la moitié étaient des fumeuses actives ou d’anciennes fumeuses (48%). Par ailleurs, 15% avec un traitement cardiovasculaire à l’inclusion, dont des statines. Que le cancer soit sur le sein droit ou gauche, il n’y avait pas de différence significative en termes de facteurs de risque cardiovasculaire à l’inclusion.
La dose moyenne d’irradiation de l’ensemble du cœur et en particulier du ventricule gauche était de 2,87 Gy et 6,18 Gy respectivement pour les femmes atteintes d’un cancer au sein gauche et de 0,61 et 0,17 pour les femmes atteintes au sein droit. La coronaire descendante gauche était la plus exposée des artères coronaires avec une dose de 16,0 Gy pour les femmes ayant un cancer du sein gauche.
Le CAC avait augmenté dans les 2 ans post-radiothérapie chez 28 patientes. Pour 93% de ces femmes, l’augmentation du score CAC a été le fait d’une augmentation du score CAC dans la coronaire gauche descendante.
Une relation dose-réponse a été mise en évidence entre l’exposition et le score CAC (Odds ratio 1,15, p=0,04) pour le ventricule gauche. L’exposition de la coronaire descendante gauche expliquait de manière marginale l’augmentation du score CAC dans cette même coronaire (OR 1,03, p=0,07).
Les patientes qui avaient dès l’inclusion un CAC>0 avaient un haut risque de progression du score CAC par rapport à celles qui avaient un CAC de zéro à l’inclusion (92% versus 7%, p<0,00001). D’ailleurs, le score CAC à l’inclusion s’est révélé être le principal facteur de risque de progression. D’autres facteurs de risque d’augmentation ont été mis en évidence, comme l’âge, le fait d’avoir une hypertension, un diabète et la prise de traitements pour une maladie cardiovasculaire (p<0,05).
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