Cancer du poumon : quel est le bénéfice des inhibiteurs de checkpoints immunitaires sur la survie globale ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Une étude Italienne a évalué l’efficacité des inhibiteurs de checkpoints immunitaires dans une cohorte de patients atteints de cancer du poumon avancé non à petites cellules (CPNPCa) et ce quelle que soit la ligne de traitement à laquelle ils étaient inclus. Les résultats soulignent que par rapport à des patients qui reçoivent un traitement par anti-PD-1/PD-L1, ceux qui n’en bénéficient pas, ont :

  • 2 fois plus de risque de décès à 1 an ;
  • 23% de survie globale en moins à 2 ans ;

En revanche, le bénéfice d’un traitement anti-PD-1/PD-L1 s’annulait au cours de la 3e année, probablement en partie du fait de l’arrêt de l’immunothérapie après 2 ans de traitement.

Si ces résultats sont importants, ils ne permettent pas de recommander les anti-PD-1/PD-L1 systématiquement en première intention.

Importance de ces résultats

La survie à 5 ans des sujets atteints de cancer du poumon se situe entre 11% et 15%. Ce faible pronostic est principalement lié au diagnostic tardif de l’immense majorité de ces cancers. Le développement des inhibiteurs de checkpoints immunitaires, et en particulier des anticorps monoclonaux anti-PD-1 et anti-PD-L1, constitue une avancée majeure. Longtemps réservés  aux traitements de 2e ou 3e lignes, certains d’entre eux bénéficient maintenant d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour une utilisation en 1ère intention dans certaines situations cliniques bien précises. L’intérêt de l’étude présentée ici est d’explorer le bénéfice de ces traitements en termes de survie quelle que soit la ligne de traitement, le performance status du patient ou le type d’hôpital les prenant en charge.

Méthodologie

Les données concernant la tumeur provenaient du registre du cancer de l’Agence italienne de protection de la santé de Milan. Les patients inclus devaient être adultes et avoir un CPNPC confirmé de stade IIIB ou IV au moment du diagnostic. Ils devaient également avoir reçu au moins une ligne de traitement. L’association entre la survie et la prise d’un traitement anti-PD-1/PDL-1 quelle que soit la ligne de traitement a été évaluée.

Principaux résultats

Entre 2016 et 2018, sur la zone géographique étudiée, 6.619 cas de tumeurs du poumon ont été diagnostiqués, mais 1.673 seulement répondaient aux critères d’inclusion. Parmi ces sujets, 324 (19%) ont été traités par un anti-PD-1/PD-L1 quelle que soit la ligne de traitement, dont 3% en 2016, 34% en 2017, 42% en 2018 et 20% en 2019. Dans 47% des cas, la molécule administrée était le nivolumab, dans 41% le pembrolizumab, dans 11% l’atézolizumab et dans 0,3% le durvalumab.

Les patients traités par anti-PD-1/PD-L1 étaient globalement plus jeunes (68 ans versus 71 ans), avaient un niveau d’éducation plus élevé et globalement un meilleur performance status que les autres.

Le suivi médian était de 33,1 mois. La survie globale de l’ensemble de la population à 1 an et 3 ans était de 36,9% et 13,8%. La survie globale à 1 an des patients traités par anti-PD-1/PD-L1 toutes lignes de traitement confondues atteignait 61,1% [55,6-66,2] et seulement 31,1% [28,6-33 ,5] chez ceux qui n’avaient pas été traités par ces classes thérapeutiques.

Les patients non traités par anti-PD-1/PD-L1 avaient deux fois plus de risque de décéder à un an que les patients traités par ces molécules quelles que soit la ligne de traitement : odds ratio 2,15 [1,91-2,41]. Le bénéfice restait favorable aux anti-PD-1/PD-L1 à 2 ans avec 23% de risque de décès en moins, mais s’annulait dans la 3e année.