Cancer du poumon : la pandémie de COVID-19 a-t-elle révolutionné l’usage de la téléconsultation ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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Des spécialistes français des cancers bronchiques ont répondu à 44 questions pour juger de leurs pratiques de la téléconsultation.

À retenir

  • La majorité des oncologues thoraciques exerçant en France utilisent la téléconsultation comme un outil complémentaire à leur pratique.
  • Cet outil a particulièrement progressé du fait de la pandémie de COVID-19.
  • Pour autant, elle ne remplacerait pas la consultation physique aux yeux des praticiens français interrogés. 
  • Selon ces derniers, les informations seraient moins bien retenues par les patients via cet outil qu’en consultation physique classique, ce qui conduirait à des sollicitations ultérieures de la part des patients.

Méthodologie

Une enquête de pratique a évalué l’utilisation de la téléconsultation pour prendre en charge les patients atteints de cancer du poumon en France entre le 15 décembre 2020 et le 10 février 2021.

Principaux résultats

Au global, 142 cliniciens ont répondu à l’enquête (74% de pneumologues, 18% d’oncologues médicaux et 8% d’autres spécialistes). Sur l’ensemble des répondeurs, un tiers (33%) avait moins de 40 ans, 30% entre 40 et 50 ans et 37% plus de 50 ans. Les trois-quarts exerçaient en milieu hospitalier. Seuls 9% n’avaient encore jamais réalisé de téléconsultation. Parmi ceux qui en avaient déjà réalisé, 95% l’avaient fait depuis le début de la pandémie de COVID-19.

Pour les deux tiers des répondeurs, la téléconsultation apportait une contribution modérée à leur pratique quotidienne, pour 2% elle représentait une véritable révolution et pour 14% elle n’apportait rien. L’usage de la téléconsultation restait assez limité pour un peu moins des trois quarts des répondeurs (73% réalisaient moins de 10 téléconsultations/mois, 17% entre 10 et 30 téléconsultations/mois et 10% plus de 30 téléconsultations/mois). Les trois-quarts (76%) estimaient avoir un matériel adapté aux téléconsultations. L’immense majorité (70% des répondeurs) estimaient que la durée moyenne de la téléconsultation était plus courte que la consultation physique habituelle.

Plusieurs facteurs impactaient l’utilisation de la téléconsultation par ces cliniciens dans le cadre du cancer du poumon :

  • La pandémie, la distance géographique entre le domicile du patient et le centre de consultation, la demande du patient, l’âge, l’état du patient, constituaient les principaux critères amenant ou non à la réalisation d’une téléconsultation.
  • Les cliniciens exerçant en libéral avaient moins souvent recours à cet outil que les autres.
  • 47% des cliniciens ne proposaient pas de téléconsultation lorsqu’il s’agissait d’un cancer du poumon à petites cellules.
  • Cet outil était en particulier utilisé pour les consultations de suivi de traitement sans évaluation d’imagerie (53%) et les consultations de suivi post-traitement (80%).

Les cliniciens interrogés étaient-ils favorables au développement de la e-consultation ? Parmi les répondeurs, 53% espéraient que l’usage de la téléconsultation se stabilise, et 18% qu’elle diminue. Notamment, 58% d’entre eux estimaient que les explications transmises au patient étaient moins bien retenues par ce dernier via une téléconsultation que par une consultation physique. Ce qui induisait notamment pour 31% des praticiens des sollicitations de la part de leurs patients a posteriori.