Cancer du poumon : faudrait-il fermer certains centres de prise en charge de ce cancer en France ?

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir 

Les analyses du PMSI montrent une disparité des volumes de prise en charge chirurgicale du cancer du poumon par centre sur les différentes régions de France. Elles mettent également en évidence une corrélation entre le volume d’activité et la qualité des soins mesurée par le taux de mortalité hospitalière. Ce travail montre non seulement que le volume d’activité a un impact sur la mortalité hospitalière, mais de fait, il interroge sur le seuil pertinent à partir duquel la mortalité hospitalière est acceptable et sur la nécessité d'une réorganisation de l’offre de soins.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Le traitement chirurgical du cancer du poumon n’est possible dans un centre de soins en France que si celui-ci a obtenu une autorisation spécifique de prise en charge de ce type de cancer associée à une obligation de réaliser un minimum de 30 interventions par an (comprenant les actes diagnostiques et thérapeutiques). Globalement entre 2005 et 2013, le nombre de centres a diminué sur le territoire et le nombre d’interventions par centre a augmenté. En parallèle, la mortalité dans les 30 jours post-intervention a diminué. Et pourtant, particularité française, des centres réalisant très peu de résections par an restent en activité.  Bien que peu souvent analysées, les données du Programme de médication des systèmes d’information (PMSI) sont d’un intérêt primordial pour mieux connaître l’évolution des pratiques et éclairer des disparités ou des problématiques à résoudre. 

Méthodologie

Les analyses ont été menées à partir des données du PMSI concernant tous les patients opérés entre le 1erjanvier 2015 et le 31 décembre 2015 pour cancer du poumon et des critères des centres de soins concernés. La mortalité hospitalière a été le critère sélectionné pour refléter la qualité de la prise en charge.

Principaux résultats

Au total, sur la période évaluée, 10.675 sujets ont été opérés pour cancer bronchique dans l’un des 158 centres français évalués. La chirurgie du poumon était principalement réalisée en structures privées et dans les hôpitaux universitaires. En 2015, en moyenne une résection pulmonaire était réalisée pour 300 interventions chirurgicales. Les centres évalués avaient des volumes d’activité très variés (25% des centres ont pratiqué moins de 15 résections pulmonaires sur l’année alors que les plus gros centres en comptabilisaient jusqu’à 300).  Les centres à faible activité se sont avérés répartis inégalement sur le territoire.

Si la majorité des régions de France comptabilisaient 3 centres de prise en charge du cancer du poumon par million d’habitants, certaines régions comme les Pays-de-Loire et le Languedoc-Roussillon en comptabilisaient respectivement 4 et 5 par million d’habitants. Ces deux régions comportaient également le plus de centres de faible volume. L’Ile-de-France, qui est la région la plus peuplée de France compte un centre par million d’habitants.

Le taux de mortalité hospitalière était de 3,43%. Derrière ce chiffre se cache une forte disparité, car la mortalité hospitalière variait de 0% à 50% selon les établissements. Les centres ont été classés en fonction de ce critère en trois groupes. Le premier groupe correspondait aux centres pour lesquels la mortalité était <3%, le second entre 3 et 4% et le troisième correspond aux centres ayant une mortalité >4%.

Onze régions de France n’avaient aucun centre de prise en charge de ce cancer ayant un taux de mortalité <3%. Cinq régions (Languedoc-Roussillon, Pays-de-Loire, Aquitaine, Bretagne et PACA) comptabilisaient au moins deux centres avec un taux standardisé de mortalité supérieur à 4%. 

Les centres universitaires étaient ceux qui présentaient globalement le plus faible taux de mortalité (20% d’entre eux ont un taux standardisé de mortalité <3%). Et parmi les centres qui comptabilisaient les taux de mortalité les plus faibles (<3%), 20% pratiquaient plus de 39 résections, 7% entre 15 et 39 et aucun ne réalisait moins de 15 interventions.

Principales limitations

La mortalité a été l'indicateur de qualité suivi, mais il aurait été intéressant de le croiser avec d'autres indicateurs.