Cancer du poumon : l’IARC tranche la question de la possible protection apportée par la vitamine D
- Muller DC & al.
- Ann Oncol
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Le taux sanguin de vitamine D (25-hydroxyvitamine D2 ou 25(OH)D2) n’est pas associé au risque de développer un cancer du poumon. Ce résultat, établi par l’Agence Internationale de Recherche contre le Cancer à partir des données de 5.313 sujets ayant développé la maladie, comparées à 5.313 sujets contrôles appariés sur de nombreux paramètres, dément les conclusions de deux méta-analyses parues précédemment et ayant conclu à une diminution du risque de cancer du poumon chez les personnes ayant de forts taux sanguins de vitamine D par rapport à ceux ayant de faibles taux.
- Ici, tous les échantillons ont été centralisés pour analyse, réduisant l’hétérogénéité induite par des techniques différentes, tandis que le statut tabagique déclaré par les sujets était remplacé par le dosage sanguin d’un métabolite de la nicotine, plus objectif et précis. Aussi, cette étude présente une robustesse méthodologique supérieure à celle des méta-analyses précédentes. Les auteurs soulignent que les conclusions de ces dernières étaient particulièrement influencées par l’une des études incluses, ayant rassemblé plus de 10.000 participants. Celle-ci pourrait présenter un possible facteur confondant reliant la diminution des concentrations de vitamine D à l’intensité du tabagisme. Enfin, les auteurs estiment que la divergence entre ces conclusions peut aussi être justifiée par une fréquence de publication probablement moindre des études d’association entre vitamine D et cancer du poumon lorsque celles-ci sont négatives.
Pourquoi est-ce important ?
Différentes études évoquent la possible diminution du risque de cancer du poumon en cas de taux sanguins de vitamine D élevés, ce qui a ouvert la voie à une recherche sur la supplémentation vitaminique prophylactique.
Principaux résultats
- Par rapport aux 25% de sujets ayant le plus faible taux sanguin de 25(OH)D2 (<25 nmol/L), ceux appartenant aux trois quarts supérieurs (42-56,6 nmol/L, 56,6-73,6 nmol/L, 73,6-237 nmol/L) ne présentaient pas d’odds ratio significatif indiquant un risque moindre de cancer du poumon (OR ajusté sur la saisonnalité du taux de vitamine D de 0,96 à 0,98, NS).
- Doubler la concentration sanguine en 25(OH)D2 n’était pas non plus associé à une diminution du risque (OR : 0,98, NS). Seule une relation inverse faiblement significative (p=0,05) était retrouvée sur les seules cohortes européennes participantes (OR : 0,75) mais ce résultat était essentiellement porté par les données des deux cohortes suédoises incluses, malgré l’absence d’interaction significative par cohorte.
Méthodologie
- L'étude a été conduite à partir de 20 études prospectives du Consortium LC3 (Lung Cancer Cohort) établi en 2009 par le NCI américain pour évaluer le rôle des vitamines D dans le cancer du poumon. Ces 20 cohortes ont regroupé plus de 2 millions de participants d’Asie, Australie, Europe et Amérique du Nord.
- Au total, 5.313 cas de cancer du poumon ont été sélectionnés dans cette base, regroupant fumeurs, non fumeurs et anciens fumeurs. Ils ont été appariés à 5.313 sujets contrôles sur les données suivantes : cohorte, sexe, âge, origine ethnique, date de collecte de sang et statut tabagique.
Financement
L’étude a reçu des fonds publics de différents organismes publics nationaux.
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