Cancer du côlon : limiter le risque en agissant sur le microbiote

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • Le régime occidental est caractérisé par une forte consommation de viande rouge et transformée, de sucres, de céréales raffinées et par une faible consommation de fruits, légumes et de légumineuses. Il est admis que ce régime favorise l’inflammation intestinale et systémique.
  • L’association entre régime occidental et cancer colorectal serait plus forte en présence de taux élevés de bactéries Escherichia coli porteuses d'îlot des gènes pks  (complexe enzymatique polykétide synthase, ou E. coli pks+) chez l’individu.
  • Ces données soutiennent un lien potentiel entre régime alimentaire, microbiote intestinal et carcinogenèse colorectale.

Pourquoi est-ce important ?

De précédentes données suggéraient un rôle cancérigène des bactéries E. coli porteuse d’ilôt de gènes pks qui codent pour les enzymes responsables de la biosynthèse de la colibactine, qui elle-même favorise les cassures de l’ADN double brin. En revanche il n’avait pas été démontré jusque-là qu’il pouvait exister une association entre régime alimentaire occidental et incidence du cancer colorectal en fonction de la présence ou non d’E. coli pks+.

Méthodologie

Le niveau de régime alimentaire de type occidental de 134.775 individus participants a été scoré à partir des données issues de questionnaires de fréquence alimentaire remplis tous les quatre ans. Les sujets inclus provenaient de deux cohortes prospectives menées aux États-Unis (Health Professionals Follow-up study, HPFS ; 51.529 professionnels de santé de sexe masculin, âgés de 40 à 75 ans au moment de l’inclusion dans la cohorte en 1986 et Nurses’ Health Study, NHS, 121.700 femmes âgées de 30 et 55 ans et incluse en 1976). Les participants ont été suivis depuis le questionnaire initial jusqu’au diagnostic de cancer colorectal, la perte de vue ou la fin du suivi en 2014.

Principaux résultats

Les analyses multivariées menées indépendamment sur chacune des cohortes ont montré une faible association entre le score de régime occidental et l’incidence du cancer colorectal. Les chercheurs ont alors mené des analyses complémentaires, combinant les données des deux cohortes afin d’augmenter la puissance statistique de l’étude.

La bactérie E. coli pks+ a été identifiée chez 1.175 patients atteints de cancer colorectal sur les 3.200 cas incidents survenus durant le suivi. Les analyses ont montré que la force de l’association entre le score de régime occidental et l’incidence du cancer colorectal augmentait avec le taux d’E. coli pKs+ (phétérogénéité=0,014 : hasard ratio (HR) 3,45 [1,53-7,78], ptend=0,001 pour les fortes concentrations d’E. colipks+. Le HR était de 1,22 [0,57-2,63] pour les taux faibles d’E. coli pks+ et 1,10 [0,85-1,42] en absence d’E coli dans la tumeur, non significatif.