Cancer de la prostate : une relation bidirectionnelle entre effets secondaires et détresse psychologique
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
Au cours des deux années suivant le diagnostic et le traitement du cancer de la prostate, les hommes qui présentaient l’altération la plus significative des fonctions sexuelle, urinaire ou digestive souffraient plus souvent de détresse émotionnelle que les autres. Mais inversement, présenter une détresse psychologique était aussi prédictif de troubles urinaires.
Pourquoi est-ce important ?
Étant donné les chiffres d’incidence du cancer de la prostate et la fréquence de la détresse psychologique ou des troubles des fonctions urinaire, sexuelle ou digestive chez ces patients, il semblait intéressant de comprendre les relations existant entre elles. Cette étude démontre que cette corrélation est forte et bidirectionnelle. L’influence de la détresse psychologique sur la sévérité des troubles urinaires invite à intégrer pleinement la prise en charge psycho-sociale.
Principaux résultats
- À l’inclusion, 64% de la cohorte présentait un score de 4 ou plus sur l’échelle de détresse psychologique (Distress Thermometer, score croissant de 0 à 10 avec la sévérité de l’atteinte) : ce chiffre était de 38%, 28%, 27%, 26% et 27% à 6 semaines puis 6, 12, 18 et 24 mois.
- L’effet individuel des différentes fonctions sur la détresse psychologique était significatif : à chaque évaluation, les sujets présentant des fonctions urinaire, sexuelle ou digestive plus altérées étaient ceux qui présentaient le score de détresse le plus élevé. La relation inverse était également vraie et significative.
- L’effet inter-individuel, décrivant la probabilité que les sujets ayant une fonction plus altérée que la moyenne présentent une détresse psychologique ultérieure supérieure, n’était pas significatif. En revanche, la probabilité que les sujets présentant une détresse psychologique plus élevée que la moyenne présentent une moins bonne fonction urinaire ultérieure était significative.
- Une confiance élevée dans le traitement était associée à une plus faible détresse psychologique.
- La détresse psychologique à l’inclusion était associée à une plus importante détresse au cours du suivi.
Méthodologie
- Cette analyse a été conduite auprès de la cohorte prospective multicentrique Live Well Live Long qui avait inclus 2.068 personnes acceptant de remplir des questionnaires semestriels reflétant leurs fonctions urinaire, sexuelle et digestive (score EPIC-50, croissant de 0 à 100 avec la préservation de ces fonctions) et leur détresse psychologique.
- L’analyse a été conduite auprès de 1.184 participants ayant rempli les questionnaires jusqu’au 24e mois de suivi (37% de radiothérapie, 63% de chirurgie, 56% de maladie à risque intermédiaire).
- Les données ont été ajustées sur la valeur des deux scores (EPIC-50 et détresse psychologique), ainsi que sur les traitements reçus, le score de D’Amico, l’origine ethnique, le niveau d’éducation et de revenu et la confiance dans le traitement reçu.
Limitations
- Les évaluations semestrielles ne permettaient pas de suivre plus finement les fluctuations liées à l’évolution des symptômes ou de la détresse psychologique.
- L’échelle Distress Thermometer est un outil validé, mais ce n’est pas le plus détaillé disponible.
- L’anxiété et les troubles psychologiques liés aux comorbidités n’ont pas été pris en compte.
Financement
L’étude a reçu des fonds publics américain.
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