Cancer de la prostate : la metformine a-t-elle sa place aux côtés du docétaxel ?
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales
À retenir
Après plusieurs études aux résultats discordants, pour la première fois une étude prospective randomisée évalue l’intérêt d’ajouter de la metformine au docétaxel chez les patients souffrant de cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (mCRPC).
- Dans cette étude, l’association de la metformine au docétaxel n’a montré aucun bénéfice en termes de réponse à l’antigène spécifique de la prostate (PSA), de survie sans progression et de survie globale.
- Les auteurs soulignent cependant l’existence d’une différence de pronostic et de taux de PSA à l’inclusion entre les patients des deux bras en défaveur du bras traité par metformine.
- Ainsi, l’intérêt de l’association synergique de la metformine et du docétaxel dans le mCRPC reste toujours un sujet de recherche.
Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?
La metformine s’est avérée avoir un effet chimiosensibilisateur pour le docétaxel en annulant notamment la résistance à ce traitement induite par l’hyperglycémie dans les lignées cellulaires indépendantes des androgènes en condition de normo- ou d’hyperglycémie. Plusieurs études ont montré qu’il existait un bénéfice à ajouter de la metformine à la chimiothérapie dans le cancer du sein, du poumon non à petites cellules et de l’endomètre. Les études menées dans le cancer de la prostate ont quant à elles abouti à des conclusions contradictoires. D’où l’intérêt de cette étude clinique randomisée.
Méthodologie
Des patients atteints de mCRPC non diabétiques ont été randomisés pour recevoir soit 75 mg/m2 de docétaxel tous les 21 jours, associés à de la prednisone à raison de 5 mg deux fois par jour (bras D+M), ou à un placebo (bras D+P), et ce durant 10 cycles.
Principaux résultats
Dix centres français ont participé à l’étude, en incluant au global, 99 patients. Ces patients ont été randomisés (50 dans le groupe D+M et 49 dans le groupe D+P). En dehors du score de Gleason ≥8 (60% dans le groupe D+M versus 47% dans le groupe D+P) et du taux de PSA médian à l’inclusion (80,3 ng/mL dans le bras D+M et 54,5 ng/mL dans le bras D+P), les patients des deux groupes étaient similaires par leurs caractéristiques.
Le suivi médian était de 86 mois. Le nombre médian de cycles était de 7 pour chaque bras de traitement et, dans chacun des bras, moins de 40% des patients ont atteint 10 cycles. 22% de patients sous metformine ont arrêté leur traitement pour cause d’événements indésirables contre 33% dans le groupe placebo. Et respectivement 22% et 33% ont arrêté leur traitement pour cause de progression de leur maladie. Le délai avant d’atteindre le nadir du taux de PSA était de 4,8 mois sous metformine et 4,6 mois sous placebo.
Aucune différence significative entre les deux bras n’a pu être démontrée sur le taux de réponse PSA≥50% (critère principal d’évaluation) : 66% dans le bras D+M et 63% dans le bras D+P.
Les résultats des évaluations portant sur les critères secondaires n’ont pas permis de mettre en évidence de différences significatives :
- Une réponse objective a été obtenue chez 28% des patients qui avaient reçu la metformine en plus du docétaxel contre 24% pour ceux qui avaient reçu un placebo en plus du docétaxel
- La survie sans progression médiane et la survie globale médiane étaient respectivement de 7,8 mois et 27 mois sous metformine et de 6,0 et 20 mois sous placebo.
Le profil de tolérance était cohérent avec les précédentes études, avec un taux de diarrhées de grade I à II plus fréquent dans le bras metformine (66% versus 43%). Quel que soit le bras, la qualité de vie des patients ne s’est ni améliorée, ni dégradée.
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