Cancer de l’ovaire : alléger les traitements chez la femme âgée, pas forcément une bonne idée…

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

Une étude internationale comparant trois protocoles de traitement chez des femmes âgées et vulnérables atteintes de cancer de l’ovaire montre que l’administration de carboplatine en monothérapie est moins efficace et favorise plus d’effets indésirables que le traitement standard associant carboplatine et paclitaxel toutes les trois semaines ou que cette même association en prise hebdomadaire.

Pourquoi ces données sont-elles intéressantes ?

Des études menées par le GINECO (Groupement national français d’investigateurs pour l’étude des cancers de l’ovaire et du sein) ont suggéré de moins bons résultats cliniques sous paclitaxel, soulevant la question de l’intérêt de l’association carboplatine-paclitaxel versus carboplatine seul. Il était donc utile de comparer l’efficacité et la tolérance de ces deux stratégies.

Méthodologie

Cette étude internationale, ouverte, randomisée à 3 bras a comparé l’efficacité et la tolérance d’une administration de carboplatine en monothérapie (aire sous la courbe (ASC) 5 ou 6 mg/mL.min) toutes les 3 semaines à une association de carboplatine-paclitaxel hebdomadaire ((ASC) 2mg/mL.min – 60mg/mà J1, J8, J15 toutes les 4 semaines) ou toutes les 3 semaines (ASC 5mg/mL.min – 175mg/m2) chez des femmes âgées de 70 ans et plus, ayant un score de vulnérabilité 3, atteintes de cancer de l’ovaire de stade III/IV récemment diagnostiqué. 

Principaux résultats

Au global, 120 femmes ont été randomisées (âge médian et moyen de 80 ans, score de vulnérabilité à 4 pour 36%, et 5 pour 11%, cancer de stade IV pour 33%). La plupart des patients avaient de faibles scores nutritionnels et d’autonomie, et plus de la moitié des troubles de l’humeur. L’essai a été prématurément arrêté car le taux de survie du bras carboplatine seul était significativement plus faible.

Les protocoles de 6 cycles ont été terminés par 65% des femmes sous carboplatine-paclitaxel toutes les 3 semaines, par 60% de celles sous association hebdomadaire, et 48% de celles sous carboplatine seule. 

La survie sans progression était significativement plus importante dans le groupe contrôle carboplatine-paclitaxel que sous monothérapie : valeur médiane 12,5 mois sous carboplatine-paclitaxel toutes les 3 semaines, 8,3 mois sous l’association hebdomadaire et 4,8 mois sous carboplatine seule.

Les effets indésirables liés aux traitements étaient moins fréquents dans le traitement combinant les deux molécules à raison d’une administration toutes les 3 semaines (43%) que dans le groupe combinaison hebdomadaire ou monothérapie (58% pour chacun). L’incidence de thrombocytopénie et d’anémie de grade 3 ou plus était plus importante sous traitement en monothérapie que sous association, alors que les cas de neutropénie de grade 3 ou plus étaient plus fréquents sous combinaison, quelle qu’elle soit.