Cancer chez les sujets infectés par le VIH : nouvelles données

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir

  • Une étude a comparé l’incidence en France de 3 cancers bénéficiant d’un programme de dépistage (sein, col de l’utérus et colorectal) en fonction du statut VIH.
  • Par rapport à la population générale, chez les femmes porteuses du VIH, l’incidence du cancer invasif du col de l’utérus est augmentée de 93% et celle du cancer du sein diminuée de 44%.

Pourquoi est-ce important ?

Les traitements antirétroviraux ont contribué à diminuer l’incidence des cancers liés au SIDA, en revanche l’augmentation de l’espérance de vie des sujets porteurs du VIH et la co-infection fréquente par d’autres virus (papillomavirus humain (HPV), virus de l’hépatite C (VHC)) favorisent l’émergence de cancers non liés au SIDA. Ces derniers représentaient sur la période 2010 et 2015 plus des trois quarts de l’ensemble des cancers chez ces sujets. De fait, en France, le cancer est en passe de devenir la première cause de décès des personnes infectées par le VIH. Le dépistage du cancer du col de l’utérus est recommandé de manière annuelle chez les femmes porteuses du VIH (contre tous les 3 ans pour les femmes de la population générale). En revanche, il n’existe pas de recommandations spécifiques pour le cancer du sein ou le cancer colorectal.

Méthodologie

Cette étude rétrospective est basée sur les données longitudinales de la cohorte française Dat’AIDS. Le ratio global et spécifique d’incidence standardisée (RIS) des cancers du sein, du col de l’utérus et du côlon-rectum a été évalué pour des sous-groupes de sujets infectés par le VIH (en fonction du nadir du taux de CD4, de la catégorie de transmission du VIH, de la période de diagnostic du VIH et de la co-infection ou non par le VHC).

Principaux résultats

Au global, 44.642 individus porteurs du VIH issus de la cohorte Dat’AIDS ont été suivis entre 2010 et 2015 (30,3% de femmes). Le délai médian depuis le diagnostic de VIH jusqu’au diagnostic de cancer était de 13 ans. Sur l’ensemble de la cohorte, 38% étaient des hommes qui avaient des relations sexuelles avec des hommes, 8,2% ont été infectés par l’usage de drogues administrées par voie intraveineuse et 15% étaient co-infectés par le VHC.

Au total, 1.454 patients ont reçu le diagnostic de cancer durant la période de l’étude (140 avaient déjà un cancer).

Sur la période 2010-2015, les taux d’incidence du cancer invasif du sein, du col de l’utérus, et du colon-rectum étaient respectivement de 91,0, 28,5 et 25,0/100.000 personnes chez les personnes porteuses du VIH tous sexes confondus. 

Pour l’ensemble des 3 cancers, l’incidence était plus élevée chez les patients ayant eu un diagnostic de VIH avant 2000. Et l’incidence spécifique du cancer invasif du col de l’utérus et du colon-rectum était plus élevée chez ceux dont le taux de CD4 au nadir était ≤200 cellules/mm3 et chez les femmes infectées par le VHC. En revanche, l’incidence du cancer du sein était inférieure dans ces sous-populations.

Par rapport à la population générale, l’incidence du cancer invasif du col de l’utérus était significativement plus élevée chez les femmes porteuses du VIH toutes catégories confondues (RIS 1,93 [1,18-3,14]) et dans les sous-populations suivantes :

  • VIH transmis par l’usage de drogue par voie intraveineuse : RIS 5,14 [1,93-13,70]
  • Coinfection par le VHC : RIS 3,52 [1,47-8,47]
  • Nadir CD4≤200 cellules/mm3 : RIS 2,62 [1,45-4,74]
  • VIH diagnostiqué avant 2000 : RIS 2,06 [1,07-3,97]

En revanche, par rapport à la population générale, l’incidence du cancer du sein était significativement plus faible chez les femmes porteuses du VIH (RIS 0,56 [0,42-0,73]).

Principales limitations

Un manque d’information sur le cancer colorectal sans cancer anal dans la population générale, n’a pas permis de comparer les données des personnes infectées par le VIH et la population générale.