Cancer chez l’enfant : comment réagir face aux nausées et vomissements induits par les traitements oncologiques ?

  • Résumé d’article
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

Les nausées et vomissements induits par les traitements anticancéreux (NVITAC) constituent les effets secondaires les plus fréquents et bien souvent les plus redoutés chez les enfants malgré l’utilisation de traitements préventifs. À partir des recommandations anglo-saxonnes et des données de la littérature, la Société française des cancers de l’enfant a récemment établi des recommandations validées par un Comité de soins de support et adaptées à l’enfant1.

Classification des NVITAC

Les NVITAC sont classées en cinq catégories en fonction de leur temporalité et contexte d’apparition :

  • Nausées et vomissements anticipés : ces évènements surviennent dans les 48h précédant le début de la chimiothérapie. Ils sont majorés sur les terrains anxieux ou ayant eu une mauvaise tolérance de la précédente cure.
  • Nausées et vomissements aigus : commencent dès l’administration de la chimiothérapie et jusqu’à 24 heures après.
  • Nausées et vomissements retardés : surviennent entre 24h après l’administration de la chimiothérapie et jusqu’à sept jours après la fin de celle-ci. Cisplatine, carboplatine, cyclophosphamide, et anthracyclines sont plus à risque de nausées et vomissements retardés.
  • Les nausées et vomissement non maîtrisés surviennent malgré une prophylaxie primaire appropriée.
  • Et enfin, les nausées et vomissements sont dits réfractaires lorsqu’ils persistent malgré un traitement anti-émétique adapté et bien conduit et en dépit de l’ajout d’un traitement de secours.

Facteurs de risques de NVITAC

Plusieurs facteurs de risque ont été mis en évidence, notamment l’âge>3 ans, le sexe féminin, les antécédents de mal de transports, le manque de sommeil, les antécédentes de NVITAC et l’existence de nausées et/ou vomissements anticipés.

Évaluation des NVITAC

L’échelle de BARF1 est un outil validé en anesthésie pédiatrique qui permet une auto-évaluation du ressenti du patient à partir de 6 ans. Cela pourra venir compléter une évaluation objective des symptômes (nombre de vomissements et intensité des nausées). D’autres outils peuvent être utilisés chez les plus jeunes. Le contrôle optimal est défini par l’absence de nausées et de vomissements, l’absence d’utilisation d’un traitement anti-émétique autre que celui prescrit en prophylaxie, le maintien de l’appétit malgré les nausées chaque jour d’administration de la chimiothérapie et dans les 24 heures qui suivent la fin de son administration.

Quelle prophylaxie choisir ?

La prévention des NVITAC doit être débutée 30 minutes minimum avant le début de la chimiothérapie si la prise est IV et une heure avant si la prise est orale. Le choix de la prophylaxie primaire se fera en fonction du niveau de risque émétisant global du protocole de chimiothérapie. En cas d’association de plusieurs molécules, le niveau retenu sera celui de la chimiothérapie la plus émétisante. Ce risque global peut être ajusté en fonction des facteurs de risque du patient.

Les traitements prophylactiques varient selon le niveau de risque émétisant du protocole utilisé.

  • Ainsi, un protocole à très faible potentiel émétisant (risque <10%) ne nécessite pas la mise en place d’une prophylaxie primaire sauf si le patient présente des facteurs de risque spécifiques.
  • Un protocole à potentiel émétisant faible (10-30%), pourra nécessiter une monothérapie à base de sétrons en dose unique ou d’anti-dopaminergique (anti-D2).
  • Pour un protocole modérément émétisant (30-90%) une bithérapie sera proposée durant toute la durée du traitement à base de sétrons toutes les douze heures, associés à un anti-D2. Une monothérapie pourra être poursuivie après la fin du traitement durant 48h.
  • En cas de chimiothérapie hautement émétisante (risque >90%), l’association sétron, aprépitant ± anti-D2 ou corticoïdes à demi-dose durant toute la durée de la cure devra être envisagée. Après la fin de la chimiothérapie, une mono- ou une bithérapie sera proposée jusqu’à 48h.

Des techniques psychocomportementales associées ou non à un anxiolytique peuvent venir compléter la prise en charge en cas d’anxiété.

Quelles règles hygiéno-diététiques associées ?

Les repas froids, les boissons gazeuses à base de cola, le fractionnement des apports en plusieurs petits repas, la mastication lente, le maintien d’une position assise 30 minutes après le repas, des boissons légères entre les repas (eau, infusion, jus de pomme,…) en utilisant une paille ou une tasse fermée sont à privilégier.

Réévaluation du protocole prophylactique

En cas d’échec d’une prophylaxie primaire, un traitement de secours doit être envisagé et la prophylaxie secondaire (de la cure suivante) doit être réévaluée et au besoin surclassée au niveau de risque supérieur.