Cancer bronchique : à quel point la sarcopénie accentue-t-elle la toxicité des inhibiteurs de PD-1 ?

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À retenir

  • Une étude rétrospective menée chez 200 patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) métastatique et traités par inhibiteurs de PD-1, a montré que le ratio créatinine/cystatine (CC) et l’indice sarcopénique (IS) faibles étaient significativement corrélés à la surface musculaire squelettique (SMS) et à la force de préhension (FP).
  • En analyses multivariées de la survie globale, le ratio CC et l’IS faibles étaient des facteurs prédictifs indépendants de mauvais pronostic.
  • Ces paramètres n’ont cependant pas été associés à des effets indésirables graves liés à l’immunité.

Pourquoi est-ce important ?

Les inhibiteurs de PD-1 ont contribué a améliorer la survie globale des patients atteints de CBPNC avancé. Il est admis que la sarcopénie est associée à une plus forte toxicité des traitements du cancer et à une survie plus courte chez les patients atteints de tumeurs solides. Récemment le ratio créatinine/cystatine a été évalué pour remplacer la masse musculaire squelettique. La créatinine et la cystatine C sériques sont utilisées en pratique clinique pour estimer le débit de filtration glomérulaire (DFGé) et la fonction rénale. La cystatine – contrairement à la créatinine – est produite à taux constant par toutes les cellules nucléées de l’organisme et pas seulement par les cellules musculaires. La cystatine C n’est pas influencée par le volume de masse musculaire. Ainsi, le rapport CC devrait varier avec la masse musculaire squelettique, indépendamment de la fonction rénale. Par ailleurs, le ratio CC a été corrélé positivement avec la masse musculaire squelettique y compris chez des patients atteints de cancer.

Méthodologie

Cette étude a évalué si le ratio créatinine/cystatine (ratio CC, créatinine/cystatine C x100) et l’indice de sarcopénie (IS, créatinine sérique x cystatine C-débit de filtration glomérulaire de base, DFGeCysC) étaient corrélés à la masse musculaire squelettique et pouvaient prédire la mortalité des patients atteints de CBNPC traités par inhibiteurs PD-1. Cette étude a également évalué l’impact du CC et de l’IS sur les effets indésirables graves liés à l’immunité des anti-PD-1. Les données proviennent des patients de la cohorte prospective CERTIM, atteints de CBNPC de stade IV et ayant reçu un inhibiteur de PD-1 entre juin 2015 et novembre 2020 à l’hôpital Cochin à Paris. Il s’agit d’une analyse rétrospective. La sarcopénie a été évaluée via la surface musculaire squelettique (SMS) mesurée par tomographie assistée par ordinateur et par la force de préhension (FP) mesurée par un dynamomètre manuel.

Principaux résultats

Sur les 200 patients (63% d’hommes, âge médian 66 ans) atteints de CBNPC (74% d’adénocarcinome) ayant été inclus, 74% étaient traités par nivolumab et 26% par pembrolizumab. Sur l’ensemble de la population, 35% avaient un indice de masse corporelle (IMC) ≥25 kg/m2, 6% un IMC ≥30 kg/m2 et 6% étaient en sous-poids selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La prévalence globale de la sarcopénie était de 67% (80% chez les hommes, 46% chez les femmes), et 19% des patients étaient en surpoids et atteints de sarcopénie.

Les analyses ont montré que le ratio CC et l’IS étaient significativement corrélés avec la SMS et la FP. La corrélation entre l’IS et la SMS (r=0,407, p<1x10-8) était plus forte que la corrélation entre le ratio CC et la SMS (r=0,360, p=3x10-7). De même la corrélation entre l’IS et la FP (r=0,370, p=2x10-4) était un peu plus élevée que celle entre le ratio CC et la FP (r=0,331, p=2x10-5).

En analyses multivariées, un ratio CC faible (HR 1,73, p≤0,033) et un IS faible (HR 1,89 ≤0,019) étaient des prédicteurs indépendants de mauvais pronostic. 

L’analyse univariée des évènements indésirables graves n’a pas montré d’association du ratio CC et de l’IS à un risque plus élevé d’évènements indésirables graves.