CALM, une psychothérapie efficace pour accompagner la fin de vie

  • Rodin G & al.
  • J Clin Oncol

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

Cet essai canadien mené chez des patients atteints de cancer en phase avancée, et dont le diagnostic était engagé à moins d’un an, a comparé l’effet d’une psychothérapie d’expression brève (CALM) aux soins usuels pour améliorer les symptômes dépressifs et réduire l’angoisse de mort. Il montre que l’intervention CALM permet déjà d’améliorer les symptômes dépressifs de façon significative à 3 mois et que l’effet est encore plus marqué à 6 mois. Cette psychothérapie semble également avoir un effet préventif sur l’apparition des symptômes dépressifs. Son efficacité pourrait reposer sur une facilitation de la communication avec les soignants, ainsi que sur la prise en compte des effets de la maladie sur eux-mêmes et leurs proches. Le fait de redonner du sens à leur vie, de pouvoir évoquer les peurs et les souhaits relatifs à leur fin de vie et d’avoir la possibilité de préparer celle-ci, sont également évoqués.

Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?

Le diagnostic d’un cancer en phase avancée est une source de stress importante. En plus de la souffrance physique, les patients sont confrontés à la peur de mourir et amenés à prendre des décisions difficiles (traitements, organisation de fin de vie, etc.). L’accompagnement psychologique joue un rôle essentiel dans cette situation et les résultats rapportés dans la littérature indiquent qu’une psychothérapie peut être efficace pour réduire les états dépressifs, mais leur portée reste limitée du fait de la faible qualité méthodologique des essais. Managing cancer and living meaningfully (CALM) est une intervention de psychothérapie expressive brève conçue pour prévenir la détresse de fin de vie dans cette population. Un essai contrôlé randomisé vient d’évaluer son efficacité par rapport à de simples soins usuels chez des sujets en phase avancée de cancer.

Méthodologie

CALM est un essai randomisé en ouvert réalisé auprès de patients atteints de cancer en stade avancé dans un grand centre anticancéreux de Toronto (stade III ou IV et pronostic engagé à moins d’un an). Les groupes de patients recevaient en interventions croisées des séances de psychothérapie CALM en plus des soins usuels ou bien seulement les soins usuels. Les symptômes dépressifs et ceux associés à l’angoisse de mort étaient évalués à 3 (critère principal) et 6 mois par le Patient Health Questionnaire-9 (PHQ-9). Dans cette approche individualisée, une attention particulière était accordée aux symptômes dépressifs, à la communication avec les soignants, aux changements des relations à soi et aux proches, au bien-être spirituel, au sens et aux objectifs de vie, ainsi qu’aux difficultés associées à la fin de vie.

Résultats

  • Au total 305 patients ont été inclus dans l’étude et randomisés dans le groupe d’intervention CALM (n=151) ou soins usuels (n=154). La plupart ont reçu 3 à 6 séances de psychothérapie de 45 à 60 minutes en ambulatoire durant 3 à 6 mois selon leur capacité à participer aux séances.
  • Les sujets du groupe CALM ont présenté moins souvent des symptômes dépressifs (PHQ-9 >8) à 3 mois (Odds ratio 0,36, p=0,02) et ont atteint plus souvent la rémission à 6 mois (score PHQ-9 ≤8) que ceux du groupe soins usuels (OR 3,29, p=0,005).
  • Chez ceux  qui présentaient des symptômes dépressifs, la psychothérapie CALM permettait de réduire la sévérité des symptômes de façon plus importante à 3 (OR 2,22, p=0,04) et à 6 mois (OR 3,22, p=0,005) par rapport aux soins usuels.
  • Ceux qui n’étaient pas déprimés à l’inclusion avaient aussi un risque moins important de présenter des symptômes dépressifs à 3 mois, suggérant un effet préventif de la thérapie.
  • L’effet bénéfique était également significatif sur la préparation à la fin de vie à 6 mois, y compris après ajustement sur différents facteurs confondants.

Limitations

Ces résultats ont été obtenus dans un seul centre, avec des patients majoritairement de type caucasien et disposant d’un bon niveau d’éducation. Ils ne peuvent donc pas être étendus en l’état à la population générale.