C’est clair : les cardiologues devraient plus s’intéresser au sexe de leurs patient.e.s !

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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Un article publié dans le Journal of the American College of Cardiology montre qu’il est important que les cardiologues tiennent compte du sexe de leurs patient.e.s dans la stratification des risques individuels.

Pourquoi tout à coup cette attention ?

Ces dernières années de nombreuses études ont mis en évidence des différences physiopathologiques entre les hommes et les femmes en ce qui concerne le risque d’insuffisance cardiaque, d’arythmie, de coronaropathie et d’accident vasculaire cérébral. Or, sauf si le diagnostic est spécifique des femmes ou si l’atteinte survient durant la grossesse ou l’allaitement, rares sont les sociétés savantes qui proposent des recommandations spécifiques en fonction du sexe.

Quelles sont les situations où le risque cardiovasculaire est différent ?

 Voici quelques exemples pour démontrer factuellement que l’équité homme/femme n’est pas toujours respectée face au risque cardiovasculaire :

  • Chez les individus de 65 ans et plus, un taux de HDLc faible est un facteur prédictif de mortalité cardiovasculaire plus important chez la femme que chez l’homme.
  • Une femme atteinte de diabète a 2 à 4 fois plus de risque de développer une maladie cardiovasculaire qu’un homme.
  • L’inflammation et les complications liées aux traitements de certaines pathologies auto-immunes comme le lupus érythémateux systémique ou la polyarthrite rhumatoïde augmentent le risque de maladie cardiovasculaire. Or, ces pathologies sont plus souvent retrouvées chez la femme.
  • Certains traitements du cancer du sein sont cardiotoxiques et augmentent le risque d’insuffisance cardiaque et de maladies coronariennes.
  • La grossesse favorise le risque cardiovasculaire notamment lorsque des troubles hypertensifs, un diabète gestationnel ou une cardiomyopathie péripartum se développent. La grossesse est également associée à une augmentation du risque de dissection spontanée d’artère coronarienne en particulier dans le premier mois post-partum. La multiparité est elle-même associée à une augmentation du risque de coronaropathie.
  • D’autres situations spécifiquement féminines telles que le syndrome des ovaires polykystiques, la ménopause et la ménopause prématurée sont également associées à un risque cardiovasculaire augmenté.
  • L’allaitement peut favoriser une augmentation de la résistance à l’insuline et une dyslipidémie. Deux situations qui favorisent le risque cardiovasculaire.
  • Les accouchements prématurés, les morts fœtales, et les naissances d’enfants de petite taille sont des facteurs de risque de développer ultérieurement un événement cardiovasculaire.

Que faire en pratique ?

D’abord prendre conscience que peu de modèles cliniques prédictifs du risque cardiovasculaire intègrent le sexe comme facteur de risque spécifique. Les preuves de différences en termes de facteurs de risque, d’étiologie, de physiopathologie, d’évolution de la maladie, de pharmacocinétique ou de pharmacodynamie s’accumulent. Pour autant, ces facteurs ne sont globalement pas pris en compte dans les études cliniques.

Les choses évoluent mais lentement. En attendant des recommandations spécifiques du risque cardiovasculaire en fonction du sexe, prudence et surveillance accrues sont requis chez la femme.