Brévétoxines dans les coquillages : des symptômes neurologiques, gastro-intestinaux et/ou cardiovasculaires
- Stéphanie Lavaud
- Nathalie Barrès
- Actualités Médicales par Medscape
France — Des brévétoxines, une famille de biotoxines marines, ont été détectées dans des moules en Corse pour la première fois en 2018. Si aucun décès n’a été enregistré, ces toxines peuvent provoquer chez l’Homme des symptômes neurologiques, gastro-intestinaux et/ou cardiovasculaires. A partir des cas d’intoxication alimentaire survenus dans d’autres pays, l’Anses propose aujourd’hui une valeur seuil pour protéger les consommateurs [1].
Des symptômes digestifs et neurologiques
Les brévétoxines (BTX) sont des toxines marines qui, en agissant sur le canal Na+, augmentent la propagation de l’influx nerveux. A ce titre, elles peuvent être responsables d'une intoxication nommée NSP pour Neurotoxic Shellfish Poisoning en cas d'ingestion de coquillages contaminés. Les symptômes débutent généralement entre 1 h et 24 h après l’exposition, et peuvent persister jusqu’à 3 jours. Ils sont essentiellement d’ordre neurologiques, gastro-intestinaux et/ou cardiovasculaires. « Les signes digestifs incluent des douleurs abdominales, nausées, vomissements et diarrhées. Les signes neurologiques comprennent essentiellement des paresthésies (lèvres et extrémité des membres), des vertiges, une asthénie, ainsi qu’une paralysie partielle des membres, des troubles de l’élocution, une perte de coordination et un coma dans les cas les plus graves. Une inversion de la sensation de température, une mydriase ainsi que des troubles cardio-vasculaires (bradycardie, hypotension artérielle) ont également été rapportés. Il n’existe pas d’antidote des brévétoxines, le traitement est symptomatique » [2].
Toxicité importante pour la faune marine
Quelques centaines de cas d’intoxications humaines liées à la consommation de coquillages contaminés par les brévétoxines ont été décrits dans des revues internationales. En revanche, chez l’Homme, aucun décès n’a été rapporté à ce jour dans le monde. Pour autant, leur toxicité pour la faune marine est connue et peut conduire à des épisodes de mortalités massives de poissons, d'oiseaux marins, de tortues et de mammifères marins, essentiellement dans le Golfe du Mexique.
Microalgue productrice de BTX en Corse : une espèce inconnue
L’origine de cette émergence en France n’est pas connue à ce jour et doit faire l’objet de recherches spécifiques.
Les BTX sont produites par des microalgues marines. Le principal producteur est le dinoflagellé Karenia brevis, qui n’a pas été détecté par le réseau de surveillance du phytoplancton et des phycotoxines (REPHY) dans les eaux métropolitaines.
D’autres microalgues sont suspectées d’être productrices de BTX, comme K. papilionacea, K. mikimotoi, K. bicuneiformis, ou encore Chattonella marina, Heterosigma akashiwo et Fibrocapsa japonica. Si plusieurs d’entre elles ont été trouvées dans les eaux métropolitaines, pour certaines depuis 1987, leur production de BTX n’est toutefois pas avérée.
Une valeur de référence pour guider les comportements
Les BTX ne sont actuellement pas réglementées en France ou en Europe où elles sont considérées comme des toxines émergentes. En revanche, elles constituent un risque avéré en Floride particulièrement, mais également en Australie, Nouvelle-Zélande et au Mexique, où elles sont réglementées depuis de nombreuses années.
En France, les BTX ont été détectés pour la première fois en France en 2018 dans des moules d'une lagune de Corse (l’étang de Diane). L'Anses a alors été saisie par la direction générale de l’alimentation (DGAL) et la direction générale de la santé (DGS) pour proposer une valeur guide assurant la protection de la santé du consommateur de coquillages (moules, huîtres…).
A partir des données issues de cas d’intoxication alimentaire survenus dans d’autres pays, l’Anses a identifié des doses minimales de brévétoxines associées à des symptômes. Ces travaux conduisent l’Agence à proposer une valeur guide de 180 µg/kg de chair de coquillage, exprimée en équivalent BTX-3, la forme de brévétoxines retenue comme référence. En cas de dépassement de cette valeur, le groupe de travail recommande la mise en place de mesures de protection et d’information supplémentaires, et notamment une « information active auprès des professionnels de santé pour renforcer la détection de cas potentiels d’intoxication » [2].
LIre la suite de cet article sur le site Medscape.
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