BPCO : Moins d’un patient éligible sur 10 bénéficie de la réhabilitation respiratoire

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • En France, la réhabilitation respiratoire (RR) reste trop rarement prescrite après exacerbation sévère de la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive). La sévérité de la maladie semble un facteur important dans la prescription de ces soins mais le statut socio-économique et l'organisation des soins apparaissent également déterminants (densité des praticiens médicaux, densité des centres dédiés).

  • Les auteurs suggèrent « des stratégies visant à promouvoir la RR et à renforcer la collaboration entre les établissements de santé et les soins primaires, ainsi qu'entre les pneumologues et les médecins généralistes [pour] accroître l'utilisation de la RR après une exacerbation sévère de la BPCO » en posant l'hypothèse que « les programmes à domicile et la télé-réhabilitation [deviennent] l'une des solutions clés pour promouvoir une plus grande disponibilité et accessibilité de la RR ».

Pourquoi est-ce important ?

Les recommandations préconisent la prescription de la RR après une hospitalisation pour exacerbation de BPCO. Cette approche combine réentraînement à l'exercice, éducation thérapeutique et changements des comportements en ambulatoire ou dans le cadre de centres dédiés, sur 3 à 6 semaines. Malgré son intérêt, la littérature rapporte des taux d'orientation des patients éligibles vers la RR - et a fortiori celui des patients finissant le programme - qui sont faibles. Il était intéressant de conduire une étude au niveau national afin d’évaluer le taux réel de recours à la RR en France et si les facteurs identifiés comme favorisants dans la littérature sont retrouvés : jeune âge des patients, score de comorbidité plus faible, proximité d’un centre dédié, connaissance de l’offre par les praticiens…

Méthodologie

Cette étude rétrospective a été réalisée à partir des données du SNDS (Système National Des Données de Santé) de l’année 2017. Ont été inclus dans l’analyse tous les patients de 40 ans et plus hospitalisés pour aggravation de la BPCO (exacerbation, insuffisance respiratoire aiguë…) et qui n’étaient ni décédés durant leur séjour, ni atteints d’une démence ou transférés dans les 90 jours dans un établissement de soins aigus, de soins longue durée ou un Ehpad. La prescription de RR a été recherchée dans les 90 jours suivant la sortie de l'hôpital.

Principaux résultats

Parmi les 48.638 patients inclus (âge médian 75 ans, 60,7% d’hommes, taux de mortalité à 6 mois 7,8%). Parmi eux, 50% des patients appartenaient aux deux plus bas quintiles socioéconomiques (indice FDEP) et les comorbidités étaient fréquentes : 32,4% avaient une maladie cardiovasculaire, 22,3% un diabète, et 15,2% un cancer.

Seuls 4.182 (8,6%) ont recouru à la RR dans les 90 jours suivant leur sortie, avec un délai moyen entre la sortie et le premier soin égal à 6,3 jours. Le recours était plus fréquent lorsque la BPCO était le codage principal de l’hospitalisation (9,1%) par rapport au codage secondaire (7,6%, p<0,0001).

Selon l’analyse multivariée, les patients ayant eu recours à la RR étaient plus souvent des femmes (ORa 1,4 [1,3-1,5]), des personnes âgées de 60 ans et plus (ORa variant de 1,5 à 1,9 par groupe d'âge par tranche de 5 ans), qui avaient davantage de comorbidités (ORa 2,9 [1,4-5,8] pour les scores de Charlson≥5) et une consommation de soins spécifiques (ventilation non invasive et/ou oxygénothérapie et/ou la prescription de bronchodilatateurs inhalés à longue durée d'action) (tous p<0,0001).

Il existait des disparités régionales avec un taux de recours compris entre 2% dans les territoires d'outre-mer et 12,5% en Provence-Alpes-Côte d'Azur. Par ailleurs, la densité de médecins généralistes et l’offre territoriale en termes de nombre de places dans les centres dédiés étaient significativement corrélées au recours à la RR. En revanche, ni le nombre de centres ni la densité de pneumologues sur le territoire n’étaient significativement corrélés.