BPCO : l’ensifentrine, premier d’une nouvelle classe thérapeutique
- Caroline Guignot
- Actualités Congrès
À retenir
- Selon les données des études ENHANCE-1 et ENHANCE-2, l’ensifentrine, un inhibiteur sélectif de phosphodiesterase PDE3 et PDE4, permet d’améliorer de façon prolongée la fonction respiratoire (volume expiré maximal par seconde, VEMS) et de réduire la fréquence des exacerbations chez des patients atteints par une BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) symptomatique, modérée à sévère. La tolérance était globalement satisfaisante.
- « L’amélioration par rapport au placebo est remarquable étant donné que 55 à 69% des patients prenaient un traitement de fond », remarquent les auteurs. La molécule, premier d’une nouvelle classe thérapeutique, poursuit son développement clinique.
Pourquoi est-ce important ?
Les traitements actuels de la BPCO restent insatisfaisants pour certains patients dont la maladie échappe au contrôle. L'ensifentrine est un inhibiteur expérimental de PDE4 et de PDE3 qui a été développé pour pallier les difficultés rencontrées avec le roflumilast (anti-PDE4). Cette molécule a des propriétés anti-inflammatoires et bronchodilatatrices spécifiques. Les études synthétisées dans cette publication correspondent à deux des études pivots du programme ENHANCE visant à démontrer son efficacité et son innocuité.
Méthodologie
ENHANCE-1 et ENHANCE-2 sont deux études multicentriques de phase 3, randomisées en double aveugle versus placebo. Les patients qui ont été inclus dans l’étude devaient être âgés de 40 à 80 ans et être atteints de BPCO symptomatique modérée à sévère. Ils devaient avoir un VEMS post-bronchodilatateur compris entre 30 et 70% de la valeur normale prédite et un rapport VEMS/capacité vitale forcée <0,7 avec des antécédents de tabagisme important (>10 paquets-années). Ils pouvaient être sous β2-mimétique à courte ou longue durée d'action (LABA et LAMA respectivement) seul ou associé aux corticostéroïdes inhalés (CSI). Après une période de screening puis la randomisation, les patients ont été randomisés (5:3) entre l'ensifentrine 3mg inhalé ou un placebo 2/j pendant 24 semaines, un sous-groupe de l'étude ENHANCE-1 ayant été randomisé (3:1) pour 48 semaines. Le critère principal d'évaluation était l’aire sous courbe (AUC) du VEMS après inhalation (sur 12 heures). Le critère secondaire était la fréquence des exacerbations.
Principaux résultats
ENHANCE-1 et ENHANCE-2 ont inclus respectivement 760 patients, dont 84,5% ont terminé l'essai (de façon comparable dans chaque bras), et 789 patients, dont 77,3% ont terminé l'essai, avec un taux d’arrêt supérieur dans le groupe placebo, principalement pour cause de Covid-19.
Le VEMS à l’inclusion était de 52% et 51%, respectivement dans chacune des deux études, ceux qui étaient sous LABA ou sous LAMA étant respectivement à 69% et 55%, et ceux sous CSI étant à 21% et 15% respectivement. Enfin, ils avaient été respectivement 26% et 21% à avoir eu une exacerbation dans les 15 mois précédant l’inclusion.
Dans le groupe ensifentrine, l’amélioration moyenne de l’AUC du VEMS à la semaine 12 était de 87 mL [55-119] dans ENHANCE-1 et de 94 mL [65-124] dans ENHANCE-2 (p<0,001 pour les deux). L’amélioration du VEMS de pointe à la semaine 12 était également supérieure par rapport aux patients sous placebo (147 [111- 183] et 146 ml [113-179] respectivement, p<0,001 pour les deux). Cette amélioration a été observée dès la première semaine de traitement et s’est maintenue tout au long de l’étude.
À 24 semaines, l'ensifentrine a réduit le taux annualisé d'exacerbations modérées/sévères de 36% selon ENHANCE-1 (rapport des taux 0,64 [0,40-1,00], p=0,050) et de 44% sur 48 semaines (0,56 [0,32-1,00], p=0,052), avec un délai avant premier événement prolongé par rapport au groupe placebo. Ce taux a aussi été réduit de 43% sous ensifentrine dans ENHANCE-2 versus placebo (RR 0,57 [0,38-0,87], p=0,009), de même que le délai avant la première exacerbation (HR 0,58 [0,38-0,87], p=0,009).
La tolérance était globalement bonne avec un taux d’évènements indésirables, principalement gastrointestinaux, comparable entre les deux groupes dans chacune des études.
Financement
L’étude a été sponsorisée par Verona Pharma.
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