BPCO : deux phénotypes dont les pronostics diffèrent sous ventilation

  • Janssens JP & al.
  • Respiration

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Selon une étude menée à partir d’une base de données en vie réelle, il est possible de catégoriser 97% des patients non hospitalisés atteints de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) nécessitant une ventilation non invasive (VNI) de façon chronique sous l’un des deux phénotypes : BPCO plutôt systémique, regroupant des sujets obèses avec une obstruction modérée, et BPCO plus respiratoire, qui regroupe des sujets non obèses dont l’obstruction est plus sévère.

  • Le risque de décès à 5 ans de ces patients est de 47,1% pour ces derniers, contre 22,8% pour les premiers.

  • Ces données suggèrent que les études cliniques sélectionnent des groupes de patients plus homogènes.

Pourquoi est-ce important ?

Le pronostic de la BPCO des patients sous VNI est grevé à moyen terme. Beaucoup de facteurs de risque de décès ont été identifiés isolément mais il serait utile d’identifier des phénotypes cliniques rassemblant des groupes de patients dont l’évolution et le pronostic de la maladie seraient homogènes. Cette approche a rarement été utilisée chez les patients BPCO sous VNI.

Méthodologie

L’étude a été menée à partir de la base de données en vie réelle Geneva Lake Study. Tous les patients BPCO, y compris ceux ayant un syndrome de chevauchement, qui étaient traités depuis au moins 3 mois hors de l’hôpital par VNI étaient inclus. Un modèle d’analyse à classes latentes a été utilisé pour déterminer des catégories de patients homogènes à partir des données disponibles : âge, sexe, IMC, examens fonctionnels respiratoires, comorbidités, modalités liées à la VNI.

Principaux résultats

Au total, l’étude a inclus 188 patients (55% d’hommes, âge médian 72 ans, IMC médian 29,1 kg/m², 47% d’obèses) qui étaient sous VNI depuis une durée médiane de 27 mois au moment de l’inclusion.

Les meilleurs ajustement et précision ont été obtenus à partir d’un modèle à deux phénotypes. Le premier, représentant 55% de la cohorte, correspond aux BPCO baptisées ‘systémiques’ qui rassemble les sujets obèses, avec une obstruction modérée des voies respiratoires et un taux élevé de comorbidités cardiovasculaires et métaboliques. Le second phénotype, qui représente 45% de la cohorte, rassemble les BPCO baptisées ‘respiratoires’ touchant des sujets à IMC<25 kg/m², ayant une obstruction très sévère et une plus faible prévalence de comorbidités que le premier phénotype.

Au total, 97% des patients ont pu être inclus dans cette modélisation. Ils ne présentaient pas de différence significative sur les paramètres d'âge, de sexe, d'observance ou de modalités de mise en œuvre de la VNI, ou encore d'antécédents liés au tabac. L'utilisation quotidienne moyenne du ventilateur ne différait pas entre les groupes mais le recours en oxygène supplémentaire était plus fréquent dans le phénotype 2.

L’IMC, les données de l’EFR, le sexe et l’existence d’un diabète étaient les cinq facteurs prédictifs les plus robustes pour prédire l’appartenance des patients à l’un ou l’autre des phénotyes.

La probabilité de décès à 5 ans sous VNI était de 47,1% pour les " BPCO respiratoires " contre 22,8% pour les " BPCO systémiques " (p<0,0001).