Boire davantage de café réduirait le risque de lésions rénales aiguës

  • Ashley Lyles

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales par Medscape
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Une étude de cohorte prospective suggère que la consommation de deux à trois tasses de café par jour réduirait le risque de lésions rénales aiguës.

Les participants qui buvaient du café tous les jours, quelle que soit la quantité, présentaient un risque de lésions rénales aiguës inférieur de 11% à celui des personnes qui n'avaient jamais bu de café, rapportent le Dr Kalie L. Tommerdahl (Université du Colorado Anschutz Medical Campus à Aurora), et ses collègues.

Ces résultats ont été publiés en ligne le 5 mai dans la revue Kidney International Reports[1].

« Nos données confortent l’idée que la consommation chronique de café puisse conférer une protection cardio-rénale par le biais du régime alimentaire, en particulier concernant la prévention des hospitalisations ou des interventions pour lésions rénales aiguës », écrivent les chercheurs.

Plus de café, moins de risque

Les chercheurs ont évalué 14.207 adultes de l'étude ARIC (Atherosclerosis Risk in Communities). Parmi les participants, 17% buvaient > 3 tasses par jour, 23% buvaient 2-3 tasses par jour, 19% buvaient 1 tasse par jour, 14% buvaient < 1 tasse par jour et 27% ne buvaient jamais de café. L'âge moyen de la cohorte était d'environ 54 ans.

Au cours d'une visite médicale, les participants ont rempli des questionnaires sur la fréquence des repas et sur la consommation de café, définie par le nombre de tasses par jour. L'équipe de l'étude a ensuite comparé les lésions rénales aiguës incidentes, définies par une hospitalisation à laquelle on a attribuée le code CIM « lésions rénales aiguës ».

Au cours d'un suivi médian de 24 ans, 1.694 cas de lésions rénales aiguës ont été recensés.

La consommation de café était plus importante chez les participants de race blanche, les personnes non diabétiques, les fumeurs, les hommes et les personnes ayant une tension artérielle normale, un apport énergétique total quotidien plus important et un indice de masse corporelle (IMC) correspondant à de la minceur.

Les résultats ont également montré qu'une plus grande consommation de café était liée à une réduction des risques de lésions rénales aiguës par rapport aux personnes qui ne consommaient jamais de café, comme l'indiquent les données suivantes :

Référence : jamais, p=0,003

> 3 tasses par jour : hazard ratio (HR), 0,83 [0,71 - 0,96]

2-3 tasses par jour : HR, 0,83 [0,72 - 0,95]

1 tasse par jour : HR, 1,08 [0,94 - 1,24]

< 1 tasse par jour : HR, 0,92 [0,79 - 1,08]

Dans les groupes de consommation de café, les tendances concernant le risque de lésion rénale aiguë sont restées significatives après ajustement multivariable pour le sexe, l'âge, l'éducation, l'apport énergétique quotidien total, la race-centre, la consommation d'alcool, la qualité du régime alimentaire, le tabagisme, la pression artérielle systolique, l'activité physique, l'IMC, le débit de filtration glomérulaire estimé, le statut diabétique et la prescription d'antihypertenseurs.

Pas besoin de modifier la consommation de caféine
Face à ces données, il n'est pas nécessaire de conseiller aux gens de modifier leur consommation de café, a noté le Dr Joel Topf, professeur adjoint de clinique à l'Oakland University William Beaumont School of Medicine (Rochester Hills, Michigan). Cette étude apporte sa contribution à l'ensemble de la littérature montrant les bienfaits de la caféine, a-t-il ajouté.
Le Dr Topf a souligné que les chercheurs n'ont recueilli des données sur la consommation de café qu'une seule fois au cours d'une période d'étude de 24 ans, et que les habitudes de consommation de café des participants ont pu changer au cours de cette période.
Parmi les autres limites de l'étude, citons le fait que les participants ont répondu à des enquêtes sur la fréquence des repas en se basant sur leurs souvenirs plutôt que sur une déclaration directe pour déterminer leur consommation moyenne de café chaque jour. Parmi les autres biais possibles : les auteurs mentionnent la nécessité de tenir compte de la consommation d'autres boissons caféinées comme les sodas et le thé et l'inclusion d'une lésion rénale aiguë basée sur les codes d'hospitalisation.
Le risque de confusion en raison de l'imprécision des mesures et des quantités variables de caféine pour chaque type de café et les différents facteurs associés à son infusion constituent d’autres limites, ajoutent-ils.

« Des études de plus grande envergure évaluant les effets de la consommation de café sur la perfusion et l'oxygénation des reins chez les personnes ayant une fonction rénale altérée et présentant un risque élevé de lésions rénales aiguës sont nécessaires pour expliquer pleinement ses effets protecteurs cardio-rénaux potentiels. De même que des études sur les effets anti-inflammatoires et antioxydants du café », concluent les chercheurs.

Les Drs Tommerdahl et Topf n'ont signalé aucune relation financière pertinente.

Cet article a été écrit par Ashley Lyles et initialement publié sur Medscape.com puis traduit par Stéphanie Lavaud pour Medscape France.