Biosimilaires en rhumatologie : quelle place les experts leurs accordent-ils ?

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

La Société Française de Rhumatologie (SFR) et le Club Rhumatismes et Inflammation (CRI) ont récemment pris position sur la place à accorder aux biosimilaires en rhumatologie. 

Des intérêts financiers non négligeables pour la Sécurité Sociale….

Les biosimilaires présentent, tous comme les génériques, des intérêts financiers pour l’Assurance Maladie. L’Enbrel® (Etanercept) et l’Humira®(Adalimumab) font en effet partis des cinq médicaments les plus coûteux pour l’assurance maladie, et le Remicade®(infliximab) est l’un des 3 médicaments hospitaliers les plus onéreux. Pour deux de ces bioréférents, il existe déjà des biosimilaires, et le troisième, l’adalimumab, devrait être commercialisé prochainement 

L’un des objectifs du projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS) de 2017 mentionne le recours aux biosimilaires. En étant 15 à 30% moins chers que les produits bioréférents, l’opportunité est en effet intéressante pour les comptes publics. Pourtant quelques résistances existent, d’où l’intérêt de cette mise au point.

Comme le rappellent la SFR et le CRI toute l’ambiguïté vient du terme « similaire » laissant entendre qu’il existe une différence entre le médicament biologique de référence et son biosimilaire, alors que la complexité même de la substance produite à partir d’une cellule ou d’un organisme implique une part de variabilité. Un biomédicament, qu’il s’agisse du produit référent ou de son biosimilaire présente de fait une part de variabilité lié au produit lui-même et à l’amélioration des procédés de fabrication également.

Sur quoi repose l’approbation des biosimilaires par les autorités de santé ?

L’approbation de ces médicaments par l’EMA (European Medicines Agency) et la FDA (Food and Drug Administration) s’appuie sur le caractère hautement similaire de ces produits par rapport au bioréférent. Le procédé de fabrication intégralement décrit doit répondre aux critères de qualité d’un biomédicament et le profil d’efficacité et de tolérance doit être comparable à celui du bioréférent. Ainsi un biosimilaire, avant d’être commercialisé, aura prouvé une biodisponibilité similaire au bioréférent à travers une étude de phase I, et aura démontré à travers une étude de phase III une efficacité non-inférieure au produit bioréférent sur l’une des indications reconnues de ce dernier. La tolérance, elle, sera suivie à travers un plan de gestion des risques. Ces évaluations ouvriront vers l’extrapolation de la biosimilarité du biosimilaire vis-à-vis du bioréférent à l’ensemble des indications. De fait, il a suffi au CT-P13 de démontrer sa non-infériorité par rapport à celle de l’infliximab sur la polyarthrite rhumatoïde pour obtenir une extension d’autorisation de commercialisation pour l’ensemble des autres indications. Ce qui a conduit les gastro-entérologues à quelques réticences. 

La problématique de l’interchangeabilité 

L’interchangeabilité correspond à la possibilité de passer du produit original à son biosimilaire et vice versa, ou d’un biosimilaire à un autre. Seules les études de registres et post-marketing apporteront des informations sur le risque ou l'absence de risque de perte d’efficacité et sur l'évolution de la tolérance du fait de l’alternance des traitements. 

Un rapport de l’ANSM mentionne qu' «au vu de l’évolution des connaissances et de l’analyse continue des données d’efficacité et de sécurité des médicaments biosimilaires au sein de l’Union européenne, il ressort qu’une position excluant formellement toute interchangeabilité en cours de traitement ne paraît plus justifiée». Cette interchangeabilité peut être envisagée sous couvert de trois conditions : l’obtention de l’accord du patient ; la mise en place d’une surveillance clinique appropriée et d’une traçabilité des produits concernés. 

Enfin, la prise de position de la SFR et du CRI interroge sur «Comment mettre en place une traçabilité pour les biosimilaire ?», «En quoi cette surveillance clinique diffère de celle inhérente à tout patient traité ?», «Qui décidera de l’interchangeabilité ?»…

Autant de questions auxquelles il faudra répondre pour qu’il y ait une pleine adhésion des praticiens et des patients à ces biosimilaires, médicaments incontournables de la médecine de demain.