Biomarqueurs de la pneumopathie interstitielle dans la polyarthrite rhumatoïde

  • Avouac J & al.
  • PLoS ONE

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

La pneumopathie interstitielle est la plus fréquente manifestation pulmonaire liée à la polyarthrite rhumatoïde (PR). Elle concerne environ 10% des patients qui en sont atteints. Parmi 3 biomarqueurs de la pneumopathie interstitielle (KL-6 – Krebs von den Lungen-6 glycoprotein –, SPD – surfactant protein D –et chimiokine CCL-18), une étude vient de mettre en évidence que :

  • Le KL-6 serait le marqueur le plus pertinent pour le diagnostic de pneumopathie interstitielle,
  • Il aurait également une valeur prédictive de la progression de la pneumopathie interstitielle.

Cependant, l’association des trois marqueurs offrirait une performance diagnostique encore supérieure. 

Pourquoi ces résultats sont intéressants ?

La tomodensitométrie haute résolution (TDM-HR) est l’examen de référence pour diagnostiquer une pneumopathie interstitielle. Il s’agit d’un examen coûteux et qui utilise des rayonnements ce qui peut freiner son utilisation en pratique clinique. Ces marqueurs sanguins, en particulier le KL-6, pourraient favoriser l’identification précoce des patients à risque de pneumopathie interstitielle afin qu’ils bénéficient d’une TDM-HR de contrôle et qu’ils puissent être pris en charge précocement pour ralentir la progression de l’atteinte pulmonaire. 

Méthodologie

Au global 147 patients ont été inclus (âge moyen 66 ans, 69% de femmes, durée moyenne de la maladie 11 ans). Parmi eux, 27% (n=40) avaient une pneumopathie interstitielle associée à une PR à la TDM-HR (âge moyen au moment de l’apparition des symptômes 56 ans). Ces patients étaient globalement plus âgés, étaient plus susceptibles d’être des hommes, fumeurs et d’avoir des auto-anticorps anti-protéines citrullinées (ACPA) que ceux qui avaient une PR sans atteinte pulmonaire.

  • Les taux de SPD, CCL-18 et KL-6 étaient tous significativement plus élevés chez les patients qui avaient une pneumopathie que chez les autres.
  • Par rapport aux sujets qui avaient une maladie pulmonaire légère, les concentrations en KL-6 étaient plus élevées chez ceux dont les atteintes pulmonaires étaient supérieures à 15%.
  • L’analyse de l’aire sous la courbe (ASC) a montré la supériorité diagnostique du KL-6 par rapport au SPD ou CCL-18 (ASC 0,79 pour le KL-6, 0,66 pour le SPD et 0,62 pour le CCL18, p=0,007).
  • Au seuil de l’ASC de 632 U/mL, la sensibilité diagnostique du KL-6 était de 68% et sa spécificité de 83% (la valeur prédictive positive était de 60% et la valeur prédictive négative de 87%). 
  • Après ajustement, l’utilisation conjointe du KL-6, du SPD et du CCL-18 améliorait la capacité diagnostique. Ainsi, des taux de KL-6 >632 U/mL, de SPD >19ng/mL et de CCL-18 >83 ng/mL permettaiten un diagnostic de pneumopathie interstitielle chez des sujets souffrant de PR avec une sensibilité de 77% et spécificité de 97%.
  • La valeur pronostique de la progression de la pneumopathie interstitielle a été évaluée dans la cohorte française (n=15, sur une durée moyenne de 3 ans). En analyses longitudinales, les concentrations initiales de KL-6 étaient prédictives de la progression de la pneumopathie interstitielle et la progression de la maladie au TDM-HR était proportionnelle aux concentrations initiales de KL-6.