Biobanque française : que peut-elle nous apprendre sur le glioblastome ?

  • Résumé d’articles
L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte. L'accès à l'intégralité du contenu de ce site est reservé uniquement aux professionnels de santé disposant d'un compte.

À retenir

  • L’analyse de données de la biobanque française des glioblastomes a montré que la survie était meilleure chez les patients dont le délai avant récidive était de 18 mois ou plus. Cependant cela ne concernerait qu’une faible proportion de patients (13%).
  • La survie serait plus fortement associée à la réponse du patient au traitement de première ligne qu’à celui de deuxième ligne.
  • Ces données laissent supposer que les tumeurs récidivantes seraient plus agressives et/ou résistantes au traitement que les tumeurs initiales.

Les auteurs soulignent l’urgence face aux taux élevés d’échec, de mettre en place de grandes cohortes bien conçues sur la base de biobanques telle que celle-ci, afin d’obtenir des données comparatives solides et d’orienter le développement de nouveaux traitements pour le glioblastome.

Pourquoi est-ce important ?

Bien que rare (3,22/100.000 habitants), le glioblastome est la tumeur cérébrale la plus courante (30% de l’ensemble des tumeurs du système nerveux central). Le traitement passe par une résection chirurgicale sûre, maximale, lorsqu’elle est possible, suivie d’une chimiothérapie concomitante et de 6 cycles de traitement par témozolomide. Le pronostic reste cependant sombre, avec une survie médiane d’environ 15 mois seulement. S’il existe un consensus sur le traitement de première ligne de la tumeur primitive, la prise en charge des récidives est plus hétérogène. La décision de traitement d’une récidive fait souvent appel à des discussions multidisciplinaires et au cas par cas. Cette analyse rétrospective permet d’évaluer les options thérapeutiques utilisées actuellement en France en deuxième ligne de traitement dans le but de dégager une attitude optimale.

Méthodologie

La biobanque française a été initiée en 2012. Elle contient le matériel biologique et les données cliniques des patients atteints de glioblastome pris en charge dans 25 centres à travers la France. Cette étude rétrospective est basée sur les données recueillies entre janvier 2012 et décembre 2020. Au global, les données de 338 patients adultes atteints de glioblastome ayant bénéficié d’une résection tumorale sans chimiothérapie intra-opératoire et ayant reçu un traitement de première intention (protocole Stupp) ont été inclus.

Principaux résultats

L’âge médian des patients inclus était de 61 ans (62% d’hommes). Au total, les deux tiers avaient un score de performance de Karnofsy (KPS) >70% avant la chirurgie. Si tous les patients avaient reçu une chimiothérapie après chirurgie, 61% ont reçu moins de 6 cycles de témozolomide. Tous les patients ont eu des rechutes, avec 88,5% de récidive locale.

Le délai avant récidive était court (≤6 mois) pour 62% des individus, intermédiaire (7-17 mois) pour 25% et long (≥18 mois) pour 13,0% seulement.

Le groupe ayant le délai avant récidive le plus court comprenait significativement plus de patients ayant eu une atteinte multilobaire, une première résection incomplète que le groupe ayant un délai avant récidive long. Le traitement par témozolomide reçu était également généralement plus court pour ceux qui avaient connu une récidive rapide que pour le groupe ayant eu un délai avant récidive intermédiaire ou long.

Le groupe des patients ayant eu une récidive sous un délai intermédiaire comprenait un nombre plus important de patients avec glioblastome dans l’hémisphère droit que dans les deux autres groupes.

Concernant le traitement de deuxième ligne, 89,1% des patients ont reçu un traitement et 10,9% des soins de support. Les traitements de deuxième ligne ont consisté en une nouvelle opération pour 19,2% des patients, une nouvelle radiothérapie pour 3,6%, un traitement intratumoral composé d’un implant de carmustine (Gliadel®) pour 7,7%. Six patients sur 10 ont reçu un traitement systémique seul, principalement un retraitement par temozolomide, une nitrosurée (principalement de la lomustine) en monothérapie, et du bévacizumab seul, ou un traitement combiné à base de témozolomide, nitrosurée ou irinotécan.

La durée avant récidive n’impactait que peu le choix du traitement de seconde ligne. Après la première ligne de traitement, la survie moyenne sans progression était de 7,8 mois et la survie globale de 19,8 mois. Après la seconde ligne de traitement, la survie moyenne sans progression était de 5,5 mois et la survie globale moyenne de 9,9 mois.

Le délai avant récidive a été positivement corrélé avec la survie sans progression après la première ligne de traitement, le nombre de cycles de traitement adjuvant et le statut de méthylation MGMT (méthyle guanine méthyle transférase) lié à la tumeur.