Bilan préliminaire de l’épidémie de grippe 2017-2018

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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A retenir :

  • L’épidémie de grippe 2017-2018 a été précoce et exceptionnellement longue (4 mois)
  • Bien que d’une ampleur modérée en médecine ambulatoire, elle a eu un fort impact en milieu hospitalier ainsi que sur la mortalité (environ 13 000 décès attribuables à la grippe)
  • Atypique, cette épidémie a été marquée par la circulation en deux vagues successives des virus A(H1N1)pdm09 et B/Yamagata
  • L’efficacité modérée du vaccin contre le virus de type B/Yamagata ainsi que la couverture vaccinale toujours insuffisante (45,6%) chez les personnes ciblées par la vaccination antigrippale ont contribué à la sévérité de cette épidémie

Santé publique France vient de dévoiler le bilan préliminaire de l’épidémie de grippe 2017-2018 qui nous permet de constater que cette année, en métropole, l’épidémie a été précoce et exceptionnellement longue. Elle a commencé début décembre 2017 et s’est terminée fin mars, ce qui fait une durée totale de 16 semaines.

L’ampleur de l’épidémie a été modérée en médecine ambulatoire et les consultations ont concerné très majoritairement les enfants. En revanche, l’activité a été importante à l’hôpital avec  75 467 passages aux urgences pour syndrome grippal, dont 9 738 (13%) ont conduit à une hospitalisation. Le nombre d’hospitalisations pour grippe pendant cette épidémie est le plus élevé depuis 2009-2010. Il est nettement supérieur à celui des épidémies de 2016-2017 (6 500 hospitalisations) et de 2014-2015 (3 400 hospitalisations). Parmi ces patients hospitalisés, 20 % étaient âgés de moins de 5 ans et 53 % de 65 ans et plus.

Le nombre de cas graves de grippe admis en réanimation et signalés à Santé publique France est le plus élevé depuis la saison 2009-2010, date de la mise en place de ce dispositif de surveillance : 2 915 cas depuis le 1er novembre 2017. L'âge moyen de ces cas était de 60 ans. La majorité (81%) d’entre eux présentait des facteurs de risque et 56% des cas pour lesquels le statut vaccinal était renseigné n’étaient pas vaccinés.

La mortalité attribuable à la grippe a été estimée à 13 000 décès, chiffre élevé mais légèrement inférieur à celui estimé pour les épidémies de 2016-2017 (14 400) et 2014-2015 (14 500).

En début d’épidémie, le virus dominant était A(H1N1)pdm09 mais à partir de fin janvier-début février, le virus B/Yamagata a prédominé sur A(H1N1)pdm09 et a largement contribué à la seconde vague d’activité.

Les virus de type B du lignage B/Yamagata n’étaient pas inclus dans la composition du vaccin trivalent cette saison. Ils sont pour la plupart antigéniquement analogues à la souche B/Phuket/3073/2013, incluse dans la composition des vaccins quadrivalents.

Pour la saison 2018/2019, la composition vaccinale est inchangée pour la valence H1N1 mais est modifiée pour les valences H3N2 et B/Victoria, selon les recommandations de l’OMS. Le vaccin tétravalent sera disponible en France, avec ajout d’une seconde valence pour le virus B/Yamagata.

La couverture vaccinale des personnes à risque (sujets de tous âges atteints de certaines pathologies chroniques et personnes âgées de 65 ans et plus) est estimée au 28 février 2018 à 45,6%, ce qui est stable par rapport à la saison 2016-2017 (45,7% au 28/02/2017).

Les résultats préliminaires du Réseau Sentinelles disponibles en semaine 16 indiquent une efficacité vaccinale de 54% [95% IC : 30-70] chez les personnes de 65 ans et plus contre tous les virus grippaux. Elle est estimée à 75% [95% IC: 48-88] contre le virus A(H1N1)pdm09 et à 54% [95% IC: 25-72] contre les virus de type B/Yamagata.

Rappelons que la prévention de la grippe et de ses complications repose sur la vaccination mais également sur le respect des mesures barrières et l’utilisation des antiviraux pour les sujets à risque.