Bilan 2008-2017 des déclarations de décès liés aux infections nosocomiales

  • Caroline Guignot
  • Actualités Médicales
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Messages principaux

  • Les déclarations de décès liés aux infections associées aux soins (IAS) ont diminué sur la période 2008-2017. Une part importante d’entre eux est liée à Staphylococcus aureus. La sous-déclaration de ces évènements est probable.

 

Le signalement externe des infections nosocomiales (SIN) fait l’objet d’un dispositif réglementaire de déclaration depuis 2001. Etant donné l’enjeu de santé publique qu’elles représentent, des chercheurs de Santé Publique France ont conduit une analyse spécifique aux IAS ayant entraîné un décès à partir des données recueillies sur la période 2008-2017.

L’analyse, menée rétrospectivement, a été publiée dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) et porte sur 986 IAS avec décès sur les 16.349 déclarations enregistrées sur la période d’analyse. Les chercheurs rapportent une diminution du nombre de décès annuels (103 en moyenne jusqu’en 2012, puis 80 en moyenne) et de la part relative des IAS ayant entraîné un décès (de 11 à 4% entre 2008 et 2017), le nombre de signalement ayant lui plus que doublé sur la période.

La plupart des décès ont eu lieu en service de réanimation (37%, soit 27% en service adulte et 10% en service pédiatrique-néonatalogie), puis en service de médecine ou de chirurgie (28% et 23% respectivement). Par ailleurs, 106 cas groupés ont été déclarés parmi les 986 signalements, dont 2 clusters de 5 et 4 décès survenus en néonatalogie.

Concernant la nature de l’infection, les bactériémies étaient les plus fréquemment incriminées (36%), suivies des infections pulmonaires (23%). Les principaux germes responsables étaient S. aureus (30%, dont 38% de SARM), puis Clostridium difficile (13%) et Pseudomonas aeruginosa (11% dont 18% de souches résistantes). Enfin, un tiers des décès liés à une infection à S. aureus étaient associés au port d’un cathéter.

Sur la base de ces données, les auteurs estiment très probable que les décès liés aux IAS soient sous-notifiés, les SIN ayant pour objectif de détecter les situations justifiant d’un soutien aux établissements de santé. Ceci explique la typologie des déclarations, majoritairement issues d’établissements publics, notamment hospitalo-universitaires, et de services de réanimation. Ce travail permet, selon les auteurs « de dessiner les contours des problématiques rencontrées par les équipes de terrain en ce qui concerne les IAS susceptibles d’entraîner un décès » et « incitent à poursuivre les efforts de prévention et la promotion du signalement. »