Bientôt un vaccin contre la coqueluche plus efficace ?

  • Fanny Le Brun
  • Actualités Médicales
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À retenir :

  • Un nouveau vaccin contre la coqueluche est actuellement en développement
  • L’objectif est d’obtenir un vaccin plus efficace, en induisant une réponse immunitaire durable et en bloquant la transmission bactérienne entre individus, tout en gardant la bonne tolérance des vaccins actuels
  • Il contient la bactérie vivante génétiquement modifiée pour supprimer sa toxicité.
  • Il s’administre par voie nasale, reproduisant ainsi la voie naturelle d’infection
  • Un essai de phase 2 a été lancé

Un nouveau vaccin contre la coqueluche est actuellement en développement au sein du Centre d’infection et immunité de Lille.

Pourquoi un nouveau vaccin serait utile ?

Les premiers vaccins contre la coqueluche, développés dans les années 50, étaient des « vaccins inactivés » : ils contenaient la bactérie Bordetella pertussis inactivée par la chaleur ou par des traitements chimiques. Ils étaient efficaces mais avaient pour inconvénient d’induire des effets indésirables locaux et généraux, peu graves mais gênants. Des vaccins ne contenant que quelques protéines bactériennes ont alors été développés et sont actuellement utilisés. Ils ont l’avantage d’être mieux tolérés mais leur efficacité ne dure que 3 à 5 ans et ils ne bloquent pas suffisamment la transmission de la bactérie entre individus. Il a ainsi été constaté que le taux de coqueluche en population générale remontait malgré la vaccination.

Les chercheurs du Centre d’infection et immunité de Lille ont donc pour objectif de développer un vaccin contre la coqueluche qui serait plus efficace, en induisant une réponse immunitaire durable et en bloquant la transmission bactérienne entre individus, tout en gardant la bonne tolérance des vaccins actuels.

Quelle est la composition de ce nouveau vaccin ?

Ce nouveau vaccin contient la bactérie Bordetella pertussis entière, mais au lieu d’être inactivée par la chaleur ou des traitements chimiques, elle est vivante et a été génétiquement modifiée pour supprimer sa toxicité. C’est donc un « vaccin vivant atténué ». Il s’administre par voie nasale sous forme de suspension inhalée, reproduisant ainsi la voie naturelle d’infection. Comme l’explique Camille Locht, le directeur de recherche Inserm, l’avantage de cette voie d’administration est de déclencher « une immunité locale dans les voies respiratoires avec la mobilisation de l’immunité innée qui permet une réponse rapide ». « En outre, la bactérie est rapidement éliminée après son introduction dans les voies nasales, ce qui limite sa transmission ». Les chercheurs lillois espèrent que ce vaccin sera efficace plusieurs dizaines d’années.

Où en est son développement ?

Les résultats d’un essai de phase 1 avec ce nouveau vaccin viennent d’être publiés dans The Lancet Infectious Diseases. Il a concerné 48 participants répartis en 3 groupes afin de tester 3 doses différentes en une administration nasale unique. La tolérance a été équivalente à celle rapportée dans le groupe placebo, quelle que soit la dose. Concernant l’efficacité, la dose la plus élevée a déclenché la production d’anticorps spécifiques encore présents un an après chez 100 % des volontaires (80 % avec la dose la plus faible).

La phase 2 avec 300 volontaires a déjà été lancée. Camille Locht précise que « si ce vaccin franchit toutes les étapes du développement, il pourra être utilisé en premier lieu chez les adultes s’occupant de nourrissons pour protéger ces derniers d’une éventuelle transmission. L’utilisation chez les personnes fragiles et les nourrissons est prévue, mais elle nécessitera des données de sécurité complémentaires pouvant être longues à obtenir ».