Bien que sous-estimé, le nombre de décès directement liés aux drogues augmente en France
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
En 2017, au moins 537 décès directement liés aux drogues (DDLD) ont été recensés en France. Ce chiffre, s’il est probablement sous-estimé, est en augmentation nette depuis 2000. Les principaux produits impliqués sont des opioïdes : méthadone, héroïne. La cocaïne représente cependant une part croissante de la tendance observée ces dernières années, ainsi que, dans une moindre mesure, la MDMA (poudre ou ecstasy) et les amphétamines.
Si la progression des chiffres est notamment liée à l’élargissement du réseau d’experts déclarants, il est évident que le nombre de cas s’accroît, notamment du fait de l’augmentation du nombre de consommateurs de drogues (héroïne, cocaïne), mais aussi de personnes âgées en situation palliative et de personnes plus jeunes souffrant de douleurs non cancéreuses aiguës ou chroniques.
Les comparaisons inter-pays sont très délicates à conduire étant donnés l’hétérogénéité des différents systèmes de surveillance ou de notification. S’il est certain que la France présente des chiffres parmi les plus faibles d’Europe, et bien inférieurs à ceux des Etats-Unis, il est également hautement probable que la situation nationale soit largement sous-estimée. Une déclaration plus systématique des causes de décès par les médecins légistes, une recherche plus systématique de substances actualisée sur l’évolution des consommations et l’apparition de nouveaux produits, ainsi qu’un raccourcissement des délais de mise à disposition des données du CépiDc (Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès) sont nécessaires pour améliorer ce constat.
Des chiffres globalement en hausse, les opioïdes en tête
Le nombre de DDLD a diminué à partir de 1994, mais il a ensuite régulièrement augmenté à partir des années 2000 puis de façon plus chaotique à partir des années 2010. Ainsi, le nombre de décès concernant les plus de 50 ans a augmenté depuis 2012.
Si la majeure partie des certificats du CépiDc ne comportent pas d’indication concernant la substance en cause dans le DDLD, les données des dispositifs DRAMES (Décès en relation avec l’abus de médicaments et de substances) et DTA (enquête annuelle sur les décès toxiques par antalgiques) permettent d’en savoir plus : en 2017, 78% des décès étaient liés aux opioïdes sachant que plusieurs substances pouvaient être impliquées dans un décès. Plus précisément, 37% étaient liés à la méthadone (en hausse depuis 2015) et 25% à l’héroïne (en baisse depuis 2015). Parallèlement, 26% de ces décès sont liés à la cocaïne (multipliés par 3 depuis 2013).
Aucune tendance n’est observée concernant les médicaments opioïdes (hors médicaments de substitution aux opioïdes) et la part des décès liés à la buprénorphine est en diminution (8% en 2017 contre 17% en 2010). Le cannabis, la MDMA et les benzodiazépines ont une part croissante, essentiellement liée à une meilleure prise en compte de leur implication dans les certificats.
L’enquête sur les DTA (hors aspirine et paracétamol) montre également une augmentation de leur nombre (liée notamment aux plus grands nombre d’experts), mais aussi une part majeure des décès liés au tramadol (47%), suivi de la morphine et de la codéine (29% et 18%).
Un profil type en mutation
Les chiffres de la DRAMES montrent une augmentation de l’âge moyen au moment du décès (38,3 contre 33,7 ans en 2011), mais toujours majoritairement parmi la population masculine (85% des décès, 53% parmi les cas de la DTA).
Le nombre de DDLD augmente avec le nombre de personnes consommatrices, lui-même directement corrélé à la disponibilité et la pureté de l’héroïne. Il en est de même concernant les liens entre nombre de consommateurs de cocaïne et nombre de DDLD liés à cette substance.
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