Bénéfice-risque de l’administration répétée de kétamine dans la dépression résistante

  • Shiroma PR & al.
  • Transl Psychiatry

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’articles
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Messages principaux

  • Dans la dépression résistante, cinq injections de kétamine sur 10 jours offrent une efficacité supérieure à un protocole identique utilisant le midazolam (traitement contrôle). En revanche, aucune différence n’est observée lorsque chacun de ces protocoles est associé à une injection de kétamine au 12e jour. Aussi, l’administration répétée de l’analgésique ne semble pas apporter de bénéfice significatif sur la dépression résistante par rapport à une injection unique. 

Les propriétés antidépressives de la kétamine sont étudiées depuis plusieurs années, la molécule présentant un effet immédiat intéressant dans les cas de dépression sévère et résistante. Étant donné le profil de sécurité et le bénéfice transitoire (quelques jours) de la molécule, il est nécessaire de savoir si l’administration répétée de la kétamine peut apporter un bénéfice maintenu chez le sujet dépressif sans sur-risque en termes de tolérance. Pour l’heure, seule des études randomisées ouvertes étaient disponibles sur le sujet. Une étude américaine menée en double aveugle apporte sa réponse.

Dans cette étude, 54 patients ont été inclus, randomisés et ont été au bout du protocole qui comportait soit 6 injections IV de kétamine soit 5 injections de midazolam suivie d’une injection de kétamine (à J1, 3, 5, 8, 10 et 12). L’évaluation du critère principal (modification du score de sévérité MADRS) et des critères secondaires (taux de réponse, soit ≥50% de réduction du score MADRS, score d’anxiété de Beck, sévérité selon le score CGI…) a été menée à l’inclusion puis 24 heures après chaque injection. À l’issue du protocole, cette évaluation a été répétée toutes les semaines pendant 4 semaines, puis toutes les 2 semaines durant 8 semaines et enfin tous les mois durant les 3 mois suivants.

Une différence significative versus midazolam

À l’issue de la dernière injection, aucune différence n’a été observée concernant l'évolution des scores MADRS dans le groupe kétamine par rapport au groupe midazolam-kétamine. Cependant, la différence était statistiquement significative après la 4e et la 5e injection (-8,07 et -8,29 points vs 6,40 et 6,0 respectivement). Par ailleurs, aucune différence n’a été observée concernant le score moyen sur toute la période de traitement.

Les taux de patients présentant une rémission et le taux de patients répondeurs étaient également comparables à l’issue immédiate des deux protocoles, tandis que ces paramètres étaient statistiquement supérieurs dans le groupe kétamine après la 4e et 5e injection (54,2% vs 17,9% et 76% vs 39,3% respectivement). Parmi les sujets répondeurs, le temps médian de rechute était en faveur du groupe kétamine mais non statistiquement différent (6 semaines vs 2 semaines).

Le profil de tolérance observé après plusieurs administrations était comparable à celui décrit pour les administrations uniques (20 à 30% des patients présentant des malaises, hypertension artérielle, céphalées fatigue…). Deux patients ont présenté des évènements sérieux (céphalées, un dans chaque groupe non considérés comme lié au traitement).

Le caractère monocentrique et le faible effectif demande à poursuivre ces travaux par de nouvelles études.