Bénéfice de la radiothérapie en cas de liposarcome rétropéritonéal

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales
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À retenir 

La radiothérapie post-chirurgie serait associée à un meilleur contrôle local de la tumeur en analyse univariée non ajustée sur 3 cohortes distinctes de patients ayant un liposarcomes rétropéritonéal localisé bien différencié (LSBD) ou un liposarcome indifférencié (LSI de grade 1, 2 ou 3). En revanche, ces résultats n’ont pas été pas retrouvés après prise en compte des variables d’ajustement. La radiothérapie (RT) n’a eu aucun impact sur les métastases à distance ou la survie globale. Cette étude montre que le bénéfice de la radiothérapie sélective reste difficile à évaluer pour cette maladie. Les auteurs insistent sur le fait que ces conclusions ne constituent pas des preuves définitives et invitent à la réalisation d’essais cliniques randomisés et contrôlés.

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Le recours à la radiothérapie dans la prise en charge du sarcome rétropéritonéal reste sujet à controverse notamment en ce qui concerne le moment optimal de son utilisation.

Des données de la littérature indiquent que les récidives locales sont fréquentes et rapides en cas de LSI de type 1 et 2 (environ 20% à 2 ans et 40% à 5 ans), alors que les taux de métastases à distance sont plus rares (<10% à 5 ans), sans qu’il y ait une répercussion pronostique sur la survie globale à 5 ans. Ainsi, il était intéressant d’évaluer l’intérêt de la radiothérapie pour des tumeurs à risque limité de métastase, mais pour lesquelles la récidive locale constitue une cause importante de décès.

Méthodologie

Au total 607 patients atteints de liposarcome rétropéritonéal localisé bien différencié et de liposarcome indifférencié ont subi une résection chirurgicale avec ou sans radiothérapie dans 8 centres traitant des volumes importants de sarcomes (n=234 patients avec LSBD, 242 de LSI de grade 1 ou 2 et 131 de LSI grade 3, cotation selon la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer). Les patients ont été classés en deux groupes, ceux présentant une résection chirurgicale macroscopique complète (R0 ou R1) ou incomplète (R2). Chez ces derniers la progression locale de la maladie a été considérée plutôt que la récidive locale. La RT consistait à délivrer entre 36-65 Gy, et elle était principalement réalisée en préopératoire. Les patients ont été suivis en prospectif avec examen physique et imagerie tous les trois à quatre mois pendant les deux premières années, deux fois par an durant trois ans, puis tous les ans. L’analyse de l’association entre la RT et les critères de jugement de l’évolution oncologique a été pondérée par l’utilisation de scores de propension.

Principaux résultats

Au global, 19,7% des sujets avec liposarcome bien différencié ont bénéficié d’une radiothérapie, versus 34,7% et 35,1% de ceux souffrant respectivement de liposarcome indifférencié de grade 1-2 ou 3. L’âge, la taille de la tumeur, ainsi que l’administration d’une chimiothérapie se sont révélés être déséquilibrés entre les patients ayant un liposarcome différencié et les deux autres groupes. L’analyse par score de propension a gommé les déséquilibres des principales variables pronostiques.

Sur 8 ans, l’incidence de la récidive locale était significativement diminuée dans tous les groupes traités par chirurgie plus RT par rapport à la chirurgie seule : respectivement 11,8% et 39,2% chez les patients LSBD (p=0,011), 29,0% et 56,7% pour les patients LSI de grade 1 à 2 (p=0,008), et 29,8% et 43,7% pour les patients LSI de grade 3 (p=0,025). Ce bénéfice significatif était perdu après pondération des analyses par scores de propension. Le faible nombre d’événements métastatiques à distance n’a pas permis d’évaluer correctement ce paramètre. Au total, 12,4% des sujets sont décédés, 2,2% dans le groupe chirurgie + radiothérapie et 14,9% dans le groupe chirurgie seule. Les taux de survie à 5 et 8 ans étaient respectivement de 96,8% (pour les 2) dans le groupe chirurgie plus radiothérapie versus87,3% et 80,3% pour le groupe chirurgie seule). Ces résultats n’étaient plus statistiquement significatifs après ajustement.

Principales limitations

L’analyse de données rétrospectives limite les facteurs de confusion évalués.