Baisse inédite du tabagisme en deux ans
- Serge Cannasse
- Actualités Médicales
Enfin ! Après une stagnation de la consommation de tabac depuis douze ans, la prévalence du tabagisme quotidien a baissé de 12% entre 2016 et 2018, ce qui équivaut à 1,6 millions de fumeurs en moins. Les fumeurs quotidiens fument moins de cigarettes par jour (13 en 2018, 13,3 en 2017 et 13,8 en 2010). C’est un des principaux enseignements du Baromètre Santé publique France, réalisé par enquête téléphonique auprès d’un échantillon de 9.074 adultes de 18-75 ans résidant en France métropolitaine. Pour François Bourdillon, Directeur général de Santé publique France, « ces bons résultats traduisent l’impact de la politique publique cohérente, déterminée et de ses nombreuses mesures, parmi lesquelles l’augmentation régulière du prix du tabac, la mise en place du paquet neutre, le remboursement des substituts nicotiniques, les temps de communication récurrents et coordonnés portés par le Ministère de la santé, Santé publique France, l’INCa et l’Assurance Maladie », dont le Mois sans tabac.
Pour autant, il convient de ne pas trop pavoiser : la prévalence du tabagisme quotidien est en 2018 de 25,4%, soit un des taux les plus élevés parmi les pays de même niveau économique. Les inégalités sociales sont marquées : plus le revenu augmente, moins la prévalence du tabagisme quotidien est élevée. Celle-ci est maximale parmi les chômeurs (39,9%), minimale parmi les étudiants (19,5%) et intermédiaire parmi les actifs occupés (28,0%). Cependant, c’est le diplôme qui creuse la plus forte différence : la prévalence du tabagisme quotidien est de 19,4% chez les personnes ayant un diplôme de niveau au moins égal au Bac contre 28,2% pour les autres. Le fait rassurant est que ces inégalités ne progressent plus depuis deux ans.
Autre inquiétude : conséquence de la progression du tabagisme féminin entre les années 1970 et 1990, le nombre de décès attribuables au tabac augmente de plus de 5% par an en moyenne chez les femmes.
Les ventes de tabac chez les buralistes ont diminué, mais cette baisse doit être pondérée par l’augmentation des achats transfrontaliers et de la contrebande, notamment par internet.
Argument de poids en faveur de l’e-cigarette : elle est l’outil le plus utilisé pour arrêter de fumer. Les données du Baromètre Santé de Santé publique France indiquent que son usage augmente, passant de 2,7% d’utilisateurs quotidiens en 2017 à 3,8% en 2018.
Au vu de l’ensemble de ces données, François Bourdillon conclut à la nécessité de « maintenir les politiques publiques, voire de les accentuer », ce qui lui semble possible grâce au Fonds de lutte contre les addictions. Les moyens financiers dégagés devraient permettre de communiquer tout au long de l’année sur le risque tabagique, « ce qui contribue très fortement à la dénormalisation du tabac. » L’augmentation du prix du tabac doit être poursuivie : c’est une des mesures les plus efficaces qui soient.
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