AVC : la survenue de crises d’épilepsie prédit-elle l’évolution du patient ?

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Une revue de la littérature et méta-analyse montre que la survenue de crises d’épilepsie suite à un AVC est associée à un risque de mortalité plus élevé, à une évolution fonctionnelle moins favorable, à un niveau plus important de handicap et à un risque de démence plus élevée, par rapport aux sujets qui n’en ont pas développé.
  • Seule la survenue précoce de ces crises semble associée à un risque accru de mortalité.
  • Selon les auteurs, l’impact de la sévérité de l’AVC, de la localisation et du volume des lésions, mérite maintenant d’être mesuré.

Pourquoi est-ce important ?

Les AVC représentent la première cause de crises d’épilepsie nouvelles chez les sujets âgés. Avec le vieillissement de la population et les avancées des traitements de la phase aiguë, le nombre de survivants à un AVC susceptible de déclencher des crises post-AVC est en augmentation. Celles-ci peuvent avoir un impact majeur sur la qualité de vie et l’autonomie des personnes concernées. Une revue de la littérature et méta-analyse a donc voulu évaluer l’impact de ces crises sur le devenir des patients par rapport à ceux qui n’en avaient pas. 

Méthodologie

Toutes les études ayant rapporté l’évolution de patients ayant déclenché au moins une crise d’épilepsie suite à leur AVC (épilepsie post-AVC, EPA) ont été recherchées dans différentes bases de données jusqu’à janvier 2023. Les sujets qui avaient des antécédents de crise d’épilepsie avant leur AVC étaient exclus. Les critères d’évaluation étaient la mortalité, une évolution défavorable selon l’échelle de Rankin modifiée (score mRS de 3 à 6), le niveau de handicap (score mRS moyen), la récidive d’AVC et la survenue de démence en fin de période de suivi. Le risque de biais était évalué par funnel plots (diagramme de dispersion des études) et test de Egger.

Principaux résultats

Au total, 71 publications ont été retenues représentant 20.110 sujets adultes ayant des EPA et 1.166.085 sans dans 31 pays. Parmi les sujets ayant déclenché des crises après leur AVC, celles-ci étaient survenues de façon précoce chez 9,8% et de façon plus tardive chez 52,7% d’entre eux. Les durées de suivi variaient de la sortie d’hôpital à 26 ans.

Le risque de biais était modéré pour 49,3%des études retenues et élevé pour 7% d’entre elles.

Par rapport aux sujets sans EPA, ceux qui en avaient déclenchées présentaient un risque de mortalité doublé (Odds Ratio (OR) 2,1 [1,8-2,4]), une évolution fonctionnelle défavorable (OR 2,2 [1,8-2,8]), un niveau de handicap plus important (différence moyenne standardisée – SMD – 0,6 [0,4-0,7]), et un risque de démence multiplié par 3 (OR 3,1 [1,3-7,7]).

L’analyse en sous-groupe a montré que seules les EPA de survenue précoce étaient associées à un surrisque de mortalité (OR 2,4 [1,9-2,9]), et non celles survenues plus tardivement. Des résultats similaires ont été retrouvés à la fois chez les sujets ayant fait un AVC ischémique et hémorragique.

Principales limitations

La plupart des données obtenues proviennent d’études de cohortes rétrospectives.