AVC, AIT : les sujets de plus de 80 ans sont-ils des patients comme les autres ?

  • Navis A et al.
  • Journal of Stroke and Cerebrovascular Diseases

  • Agnès Lara
  • Résumé d’article
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À retenir

Chez les sujets ayant reçu un diagnostic d’AVC ou d’AIT, ceux de plus de 80 ans sont atteints de façon plus sévères que les sujets plus jeunes, probablement en raison de comorbidités favorisant les événements thromboemboliques, plus fréquents dans cette tranche d’âge. Leurs symptômes sont moins améliorés à la sortie de l’hôpital que ceux des plus jeunes, suggérant des AVC plus importants ou plus résistants aux traitements. Concernant les traitements, les sujets de plus de 80 ans reçoivent plus fréquemment un traitement fibrinolytique par altéplase et ils en tirent un bénéfice, même s’il est moins important que celui observé chez les plus jeunes. Ceci explique probablement en partie que l’orientation des patients en sortie d’hôpital diffère aussi selon l’âge. 

Pourquoi cette étude a-t-elle été réalisée ?

La fréquence des AVC et des accidents ischémiques transitoires augmente avec l’âge. Pourtant, des interrogations demeurent quant à l’efficacité des traitements et à l ‘évolution des sujets de plus de 80 ans, qui souvent ne sont pas inclus dans les essais. L’âge, un risque plus élevé de démence ou un statut fonctionnel bas peuvent conduire les médecins à des sous-traitements. Des éléments de la littérature suggèrent aussi que le risque d’hémorragie intracérébrale est plus élevé dans cette population. Des chercheurs américains ont établi les caractéristiques cliniques, les traitements mis en œuvre et le devenir de ces patients âgés atteints d’AVC ou d’AIT, par rapport à des sujets plus jeunes.

Conception de l’étude

Les données de patients disposant d’un diagnostic d’AVC et d’AIT entre 2010 et 2015 ont été extraites de la base de données de l’hôpital du Mount Sinai Beth Israel’s stroke (New York) et stratifiées selon l’âge (≥80 ans et ≤80 ans). Les patients admis pour une hémorragie intracérébrale étaient exclus. Les données démographiques, les facteurs de risque d’AVC, le score de diagnostic et de gravité des AVC (NIHSSS), l’administration d’un traitement en phase aiguë, le degré de handicap (score de Rankin modifié, mRS) et l’orientation des patients à la sortie ont été analysés.

Résultats

  • Au cours de la période étudiée, 1.457 patients ont été admis pour un AVC ou un AIT, 968 de moins de 80 ans et 487 de plus de 80 ans. La proportion de femmes était moins importante dans le premier groupe que dans le second. Sans surprise, le facteur de risque d’AVC le plus fréquent était l’hypertension, suivi par l’hyperlipidémie, et les comorbidités étaient plus fréquentes chez les plus âgés (excepté pour la tabagisme et le diabète).
  • Les taux d’AVC et d’AIT étaient similaires dans les 2 groupes. Les plus jeunes recevaient moins souvent un traitement par tPA (10% vs 16%, p<0,05), mais les taux de thrombectomie mécanique étaient similaires dans les deux groupes.
  • À la sortie d’hôpital, les scores NIHSS étaient davantage améliorés par rapport à l’admission dans le groupe des patients plus jeunes (-1,44 points contre seulement -1,07 chez les plus âgés). Et chez les sujets qui avaient reçu du tPA (10% des plus jeunes et 16% des plus âgés), les résultats étaient meilleurs chez les plus jeunes. Il n’y avait pas de différence significative chez ceux qui n’en avaient pas bénéficié.
  • À leur sortie, les sujets plus jeunes rentraient plus souvent à leur domicile (51% vs 23%) ou étaient plus fréquemment orientés vers des centres de réadaptation (37% vs 36%), alors que les plus âgés étaient plus souvent envoyés en maison médicalisées (23% vs 9%), en institution (6% vs 1%) ou bien décédaient à l’hôpital (12% vs 2%) (p<0,0001).
  • Enfin, les patients jeunes ayant eu un AVC ischémique étaient plus nombreux à avoir un niveau de handicap faible ou nul à la sortie (score mRS de 0 à 2) que les plus âgés (63% vs 30%), alors que des scores de handicap sévère (score de 3 à 6) ou des décès étaient plus souvent enregistrés chez les plus âgés (70% vs 37%). Ces écarts se creusaient davantage chez les sujets ayant bénéficié d’un traitement par tPA (62% vs 22% et 78% vs 38% respectivement) (p<0,0001 pour tous). 
  • Peu de différences sont apparues entre les groupes d’âge chez les sujets ayant eu un AIT.

Limitation

La base de données ne spécifiait pas l’origine des AVC, la taille de l’infarctus, l’existence d’hémorragies intracérébrales, ni les causes de décès.