Augmentation du risque d’AVC chez le patient atteint de MICI

  • Caroline Vrancken

  • Nathalie Barrès
  • Actualités Médicales de MediQuality
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Divers travaux ont montré que les concentrations élevées de facteurs inflammatoires tels que la protéine C-réactive étaient associées à un risque accru d'AVC, ce qui suggère que les mécanismes inflammatoires pourraient jouer un rôle-clé dans la survenue d’un AVC. Les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI) constituent-elles un facteur de risque d'AVC ?

 

Des auteurs se sont déjà intéressés à ce sujet mais les résultats d'études se sont avérés contradictoires. Pour tenter d'élucider la question, des chercheurs ont effectué une revue systémique de la littérature et réalisé une méta-analyse.

Au total, les chercheurs ont inclus dans leur analyse 8 études de cohorte (n = 641.102 patients atteints de MICI) et une étude cas-témoins (n = 149.908 patients ayant eu un AVC).

L'analyse a révélé que les MICI étaient associées à un risque accru d'AVC (OR/RR = 1,21, IC à 95% : 1,08 à 1,34 ; p < 0,001).

Tant la maladie de Crohn que la colite ulcéreuse étaient associées à une augmentation du risque d'AVC ; néanmoins, ce risque était plus important dans la maladie de Crohn (respectivement, OR/RR : 1,25, IC à 95% : 1,03 à 1,52 ; p < 0,001, et OR/RR : 1,09, IC à 95% : 1,04 à 1,15 ; p = 0,051).

Une analyse par sous-groupe a montré que les MICI étaient liées à un risque élevé d'AVC dans les groupes caucasien et asiatique (respectivement, OR/RR : 1,13, IC à 95% : 1,05 à 1,23 ; p = 0,094, et OR/RR : 1,36, IC à 95% : 1,07 à 1,74 ; p < 0,001).

Les mécanismes potentiels sous-jacents au développement d'un AVC chez les patients atteints de MICI ne sont pas clairs. Divers articles indiquent qu'une perte de l'homéostasie intestinale pourrait être à la base d'une inflammation chronique, qui à son tour, pourrait contribuer à un risque d'athérosclérose, facteur potentiel de risque de maladies cardiovasculaires. Certains auteurs avancent également que l'inflammation chronique entraînerait un état d'hypercoagulabilité.

Par ailleurs, la microflore intestinale pourrait également contribuer aux maladies cardiovasculaires. La microflore intestinale et les produits bactériens pourraient passer dans la circulation à travers la barrière muqueuse intestinale altérée et intensifier l'état inflammatoire.

Bien que basée sur des articles publiés de haute qualité, les auteurs soulignent certaines limites à leur étude. Premièrement, les études incluses provenaient de différentes bases de données de registres médicaux, ce qui peut être associé à une certaine hétérogénéité clinique. Deuxièmement, les études publiées ne fournissaient pas d'informations détaillées sur les patients, comme le tabagisme, la consommation d'alcool et l'utilisation d'anti-inflammatoires non stéroïdiens.

Les auteurs concluent, « Notre étude a montré que les MICI sont un facteur de risque d'AVC. D'autres études épidémiologiques de grande qualité et portant sur de grands échantillons devraient être menées sur la relation entre les MICI et les AVC. Et le mécanisme des MICI dans le développement de l'AVC devrait également être exploré à l'avenir ».


Cet article a initialement été publié sur le site MediQuality.