Augmentation de l’incidence du cancer de l’intestin grêle : réalité ou sur-diagnostic ?
- Résumé d’article
À retenir
- L’incidence des tumeurs de l’intestin grêle aurait plus que doublé en quatre décennies. Augmentation tirée principalement par le quadruplement des tumeurs neuroendocrines.
- La mortalité liée à ce cancer n’ayant pas varié de manière substantielle, deux hypothèses sont formulées pour expliquer ces tendances : un surdiagnostic de tumeurs qui n’impacterait pas la morbi-mortalité de l’individu ou une prise en charge précoce.
Pourquoi est-ce intéressant ?
Bien que l’intestin grêle représente 90% de l’ensemble de la surface du tractus gastro-intestinal, il ne serait responsable que de moins de 5% des cancers gastro-intestinaux. Comprendre les phénomènes sous-jacents aux variations de l’incidence de ce cancer est intéressant pour y voir plus clair et adapter au mieux la prise en charge. La notion de surdiagnostic évoque un diagnostic de cancer de l’intestin grêle à partir d’un examen qui initialement n’était pas orienté vers cette recherche. Ces données amèneront probablement à d’autres études pour clarifier ce point.
Méthodologie
Pour évaluer l’incidence des cancers de l’intestin grêle, les chercheurs ont utilisé les données de registres de cancers américains, portant sur environ 10% de la population américaine. Ainsi, 22.082 cas de cancer de l’intestin grêle ont été mis en évidence et classés en 4 catégories en fonction des données histologiques.
Principaux résultats
Entre 1976 et 2016, l’incidence des cancers de l’intestin grêle a plus que doublé sur cette population, passant de 12,1 cas/million d’habitants à 27,9 cas/million d’habitants. Cette augmentation est principalement tirée par l’augmentation de l’incidence des tumeurs neuroendocrines qui sont passées de 3,7 à 14,6 cas/million d’habitants.
La mortalité par adénocarcinome de l’intestin grêle a suivi sur la période étudiée l’incidence de ce type de cancer. En revanche, l’incidence des tumeurs neuroendocrines a nettement augmenté alors que la mortalité associée n’a que peu évolué.
Les courbes d’évolution de l’incidence et de la mortalité liées aux lymphomes et aux sarcomes/tumeurs stromales gastro-intestinales sont plus complexes. Pour les lymphomes, l’incidence et la mortalité ont augmenté durant les premières années de la période étudiée, avant de diminuer. Ces tendances suggèrent une amélioration des traitements.
Pour les sarcomes/tumeurs stromales gastro-intestinales, l’incidence a subi sur l’ensemble de la période, une légère augmentation alors que la mortalité a diminué d’environ 40%.
L’augmentation de l’incidence des cancers de l’intestin grêle est largement attribuable à l’augmentation de la détection des tumeurs neuroendocrines. Malgré ces augmentations, les tumeurs de l’intestin grêle resteraient cependant, selon les auteurs, encore sous-diagnostiquées aujourd’hui. L’incidence réelle pourrait être 3 fois supérieure à celle évoquée ici, comme le suggèrent les données d’une étude basée sur des autopsies1.
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