Augmentation de 75% du risque de dépression en cas de carence en vitamine D

  • Briggs R & al.
  • J Am Med Dir Assoc

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

Les résultats d’une étude longitudinale montrent qu’un déficit ou une carence en vitamine D chez des sujets de 50 ans et plus non dépressifs seraient indépendamment associés à une augmentation significative du risque de développer une dépression dans les quatre années suivantes. Des résultats intéressants compte tenu de la forte prévalence des déficits en vitamine D chez les sujets âgés. 

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

L’augmentation de l’incidence des déficits en vitamine D avec l’âge serait liée à plusieurs facteurs dont la réduction des capacités de synthèse de la vitamine D au niveau cutané, la dénutrition, la réduction de l’exposition solaire des individus et les troubles de l’hydroxylation hépatique et rénale. Plusieurs études de large envergure ont montré que les taux de vitamine D étaient inversement associés à la survenue de symptômes dépressifs. Mieux comprendre les relations entre statut en vitamine D et dépression au cours de la vie est important afin de mettre en place des mesures adaptées permettant de mieux accompagner le vieillissement de la population en bonne santé. 

Méthodologie

Cette étude longitudinale a évalué la relation entre les taux de vitamine D à l’inclusion (vague 1) et l’incidence de la dépression à 2 et 4 ans (vagues 2 et 3) à partir des individus inclus dans l’Irish Longitudinal Study on Aging.

Les individus souffrant de dépression (score ≥16 sur l’échelle épidémiologique de dépression ou Epidemiologic Studies Depression Scale-20 ou CES-D-20) lors de la première vague ont été exclus. L’échelle réduite CES-D-8 était ensuite utilisée pour les vagues 2 et 3, avec un seuil de dépression fixé pour un score ≥9.

La carence en vitamine D était définie par un taux sanguin <30nmol/L et le déficit par un taux entre 30 et 50 nmol/L. 

Principaux résultats

Sur les 3.965 individus âgés de 50 ans et plus inclus, 400 ont été définis comme souffrant de dépression au cours des quatre années de suivi, soit 10% de l’ensemble de la cohorte. Les individus dépressifs étaient plus susceptibles d’être des femmes, fumeuses, ayant développé une maladie chronique.

Au total, 12% de l’ensemble de la cohorte présentaient une carence en vitamine D et  29% un déficit. S’il n’y avait pas de différence entre les sujets déclarés dépressifs par rapport aux sujets non dépressifs sur le taux moyen de vitamine D mesuré à l’inclusion, il y avait en revanche une proportion plus importante de sujets présentant une carence ou un déficit en vitamine D chez les sujets dépressifs, respectivement 19,4% versus 12,4%, p<0,001 et 50,8% versus 57,1%, p=0,016.

Les régressions logistiques ont montré que les sujets ayant une carence en vitamine D avaient 75% de risque supplémentaire de développer une dépression par rapport à ceux qui ne l’étaient pas (odds ratio 1,75 [1,24-2,46], p=0,001).

Ces résultats étaient confirmés, même après ajustement sur l’activité physique, la survenue d’une maladie chronique, d’une maladie cardiovasculaire ou sur la prise d’un antidépresseur.

Principales limitations

Les mesures des taux sanguins en vitamine D n’ont été réalisées qu’à l’inclusion. Il aurait été intéressant par ailleurs d’utiliser un questionnaire clinique validé en plus de l’échelle CES-D pour confirmer la dépression. Enfin, les comorbidités étaient recueillies à partir des déclaratifs patients.