Attention aux pancréatites aiguës durant le Ramadan
- Drozdinsky G & al.
- Eur J Gastroenterol Hepatol
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
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Le taux de pancréatite aiguë était de 17,3% parmi 98 sujets pratiquant le jeûne durant le Ramadan contre 8,8% des 1.069 sujets ne le pratiquant pas (odds ratio : 2,15, p=0,01), selon les données d’un service d’urgence hospitalo-universitaire israélien desservant plusieurs villages musulmans, recueillies sur les années 2006-2016. Pendant le reste de l’année, le risque de pancréatite aiguë rapporté chez les sujets pratiquant le jeûne durant le Ramadan était de 1,16 par rapport à ceux qui ne le pratiquaient pas.
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Les auteurs proposent un mécanisme sous-jacent : la prise d’alimentation potentiellement excessive durant la rupture nocturne du jeûne favoriserait une dilatation gastrique aiguë. Celle-ci pourrait engendrer une traction sur le pédicule vasculaire de l'intestin grêle et du mésentère, et une obstruction duodénale favorisant le reflux de son contenu vers le canal pancréatique. Des taux élevés de cholécystokinine favorisés par le volume d’alimentation ingéré pourraient aussi jouer un rôle.
Pourquoi est-ce important ?
Les études épidémiologiques décrivent une augmentation de la survenue de pancréatite aiguë ces 10 dernières années, essentiellement associée à celle de l’obésité et des calculs biliaires. Après plusieurs rapports décrivant une association entre l’alimentation excessive et la pancréatite d’une part, et les quelques études de cas décrivant des liens similaires durant la rupture du jeûne et la survenue de pancréatite, cette publication rapporte la première étude cherchant à évaluer l’association à partir d’une population reçue aux urgences.
Principaux résultats
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Dans cette étude, les auteurs ont assumé que les sujets issus des villages musulmans étaient musulmans et pratiquaient le jeûne. Durant la période analysée de 10 ans, 1.167 sujets ont été admis aux urgences pour pancréatite aiguë, dont 98 sujets musulmans, dont 98 cas chez les sujets musulmans et 1.09 cas chez des sujets non musulmans.
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Au total, 17 des 98 cas (17,3%) touchant des sujets musulmans ont été recensés durant la période du Ramadan, contre 95 des 1.069 sujets non musulmans (8,8%), soit un odds ratio de 2,15 [1,23-3,8] (p=0,01). Durant cette période, le taux de pancréatite aiguë rapporté à la totalité des admissions aux urgences était de 0,1% pour les sujets musulmans, contre 0,004% pour les autres, soit un OR de 2,54 [1,5-4,25].
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Par comparaison, durant les autres mois de l’année ces chiffres étaient de 0,009% et 0,008% respectivement lorsque le nombre de cas de pancréatite aiguë était rapporté à la totalité des admissions aux urgences (n=15.068), soit un odds ratio de 1,16 ([0,92-1,45], p<0,001).
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Les sujets pratiquant le jeûne était plus jeune (p=0,016) et présentaient un score BISAP d’évaluation de la sévérité de la pancréatite différent des sujets non pratiquants, en partie du fait de l’âge (48,9 ans vs 59,9 ans).
Méthodologie
L’étude a été conduite sur les données 2006-2016 de l’hôpital de Petah Tikva au nord-ouest de Tel Aviv.
Limitations
Étude rétrospective dans laquelle la pratique du jeûne a été estimée à partir du lieu d’habitation, ce qui est correct dans la majorité des cas, précisent les auteurs. Cette approximation reste soutenue par le fait que le sur-risque ne soit constaté qu’en période de Ramadan.
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