Atteinte d’organes : une étude de cohorte statue sur le rôle de l’HTA diastolique isolée

  • Monzo L & al.
  • Clin Cardiol

  • Caroline Guignot
  • Résumé d’article
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Messages principaux

  • L’hypertension artérielle diastolique isolée, diagnostiquée à partir d’une mesure ambulatoire de la pression artérielle sur 24 heures, n’est pas associée à un risque accru d’atteinte des organes cibles, selon le suivi conduit auprès d’une cohorte de quelques milliers de personnes ayant bénéficié de multiples mesures de marqueurs de substitution.

 

Les conséquences de l’hypertension artérielle diastolique isolée (HTAD) sur le pronostic cardiovasculaire sont encore incertaines car les données sur le sujet sont contradictoires. La cohorte STANISLAS (Suivi Temporaire Annuel Non Invasif de la Santé des Lorrains Assurés Sociaux) regroupe des familles qui ont bénéficié d’investigations médicales poussées et ont été suivies 23 ans afin d’appréhender les rôles et interactions entre génétique et environnement dans le champ cardiovasculaire. Elle permet donc de comparer de façon rigoureuse le pronostic des participants qui présentent une HTAD à celui des autres profils d’HTA (HTA mixte ou HTA systolique isolée).

Méthodologie

Parmi les 4.295 participants recrutés dans STANISLAS entre 1993 et 1995, les données de 1.605 sujets adultes ayant participé à la dernière visite de suivi entre 2011 et 2019 ont été utilisées pour l’analyse.

Chacun de ces patients avaient bénéficié d’une mesure de la pression artérielle au cabinet médical ainsi qu’à une mesure de la pression artérielle ambulatoire sur 24 heures. Ils ont ainsi pu être catégorisés entre participants normotendus (PAS/PAD< 130 et 80 mmHg, n=957), avec une HTA mixte (PAS/PAD ≥130 et ≥80 mmHg, n=469), ayant une HTAS (PAS/PAD ≥130 et <80 mmHg, n=51) ou ayant une HTAD (PAS/PAS <130 et ≥80 mmHg, n=128). Ils ont parallèlement bénéficié de plusieurs mesures non invasives : paramètres de masse, déformation, et dysfonction diastolique du ventricule gauche, épaisseur de l’intima-média carotidienne (EIMC), vitesse de l’onde de pouls, indice tibio-brachial, taux des peptides natriurétiques NT-proBNP.

Principaux résultats

La cohorte était constituée principalement de femmes (51,8%), d'âge moyen 56 ans. Les participants avaient un IMC moyen de 25,2 kg/m² et un débit de filtration glomérulaire estimé moyen de 96,1 mL/min/1,73 m².

Les patients HTAD étaient plus souvent jeunes, de sexe féminin et plus souvent fumeurs que ceux souffrant d’autres types d’HTA. Ils avaient une prévalence supérieure d'hypertrophie ventriculaire gauche et de dysfonctionnement diastolique par rapport aux normotendus, mais inférieure à celle des autres groupes d'hypertendus. Par ailleurs, certains marqueurs de l'atteinte des organes cibles étaient plus élevés chez ces patients que chez les sujets normotendus ou ayant une HTAS, comme la microalbuminurie ou l’EIMC. Cependant, après ajustement des données selon l’ensemble des paramètres d’intérêt (données sociodémographiques, mesures métaboliques et rénales…), l’HTAD n’apparaît pas associée à un risque d’altération des organes cibles, évalué à partir des mesures non invasives réalisées, contrairement à ceux atteints d’HTAS ou d’HTA mixte qui ont un risque accru d’augmentation de la masse ventriculaire gauche et de l’onde de pouls. L’HTAS est également associée à une augmentation du taux de peptides natriurétiques NT-proBNP.