Atténuer le fardeau de la démence en 2040 : quels leviers d’action ?
- Agnès Lara
- Résumé d’article
À retenir
- À partir d’un modèle de micro-simulation prenant en compte la mortalité, une équipe marseillaise montre qu’une intervention ciblant les 3 principaux facteurs de risque vasculaires, hypertension, diabète et inactivité physique, pourrait abaisser de façon significative le fardeau de la démence à l’horizon 2040.
- Parmi ces 3 facteurs de risque modifiables, une intervention ciblée sur l’hypertension est de loin celle qui aurait le plus d’impact.
- Pour les auteurs, ces résultats de modélisation, bien qu’optimistes puisque faisant l’hypothèse d’une disparition complète, montre que des interventions ciblées sur ces facteurs pourraient être efficaces pour réduire le fardeau de la démence à l’avenir.
Pourquoi est-ce important ?
Selon le World Alzheimer report de 2018, le nombre de personnes vivant avec une démence était estimé à 50 millions en 2018 et les projections estime que ce nombre sera de 152 millions en 2050 du fait du vieillissement de la population (1). Plusieurs études ont identifié l’hypertension, le diabète et l’inactivité physique comme étant les principaux facteurs de risque modifiables susceptibles d’infléchir cette croissance. Cependant la distribution de ces facteurs de risque pouvant ayant un impact direct sur la mortalité, la modifier à la baisse devrait augmenter l’espérance de vie et avec elle le nombre de démences. L’équipe du Dr Jacqmin-Gadda de l’Université de Bordeaux a développé un modèle de micro-simulation capable de prédire le fardeau de la démence en tenant compte de l’effet sur la mortalité. Et elle l’a utilisé pour évaluer l’impact d’interventions ciblant ces 3 principaux facteurs de risque sur le fardeau de la démence en France en 2040 (2).
Méthodologie
L’incidence de la démence pour les hommes et les femmes a été estimée à partir des données de la cohorte PAQUID de 2020, et ces données ont été combinées aux projections de l’Insee pour tenir compte de la mortalité avec et sans démence.
Principaux résultats
Sans intervention, le modèle a prédit que le taux de prévalence de la démence sera de 9,6% chez les hommes et de 14% chez les femmes de plus de 65 ans en 2040.
Ces chiffres pourraient être réduits à 6,4% (-33%) et de 10,4% (-26%) dans l’hypothèse d’un scénario où les 3 facteurs de risque vasculaires modifiables (hypertension, diabète et inactivité physique) seraient supprimés de façon simultanée à partir de 2020. L’impact apparaît de façon plus significative à partir de 75 ans. Dans ce scénario, l’âge d’espérance de vie sans démence serait repoussé de 3,4 ans chez les hommes et de 2,6 ans chez les femmes, en raison d’une plus forte exposition des hommes à ces 3 facteurs de risque.
D’autres scenarii ont estimé la prévalence avec la suppression d’un seul de ces facteurs. Par exemple, la suppression de l’hypertension seule à partir de 2020 conduirait à réduire le taux de prévalence de la démence de 21% chez les hommes et de 16% chez les femmes (en raison d’une moindre importance de ce facteur de risque chez ces dernières) en 2040. Cela serait associé à une moindre probabilité de démence au cours de la vie et repousserait l’âge d’espérance de vie sans démence de 2 ans chez les hommes et de 1,4 ans chez les femmes.
La prévalence de l’hypertension dans la population française (69% des hommes et 49% des femmes) étant bien supérieure à celle du diabète et de l’inactivité physique, la suppression isolée de chacun de ces deux derniers facteurs aurait moins d’impact sur le fardeau de la démence (entre -4% et -7%).
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