Atouts et faiblesses du système français de santé


  • Serge Cannasse
  • Actualités socio-professionnelles
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La pandémie de COVID-19 a été un formidable révélateur des forces et faiblesses des systèmes de santé dans le monde. Pour évaluer celles du système français, l’IRDES (Institut de recherche et de documentation en économie de la santé) s’est associé au projet Partnership for Health System Sustainability and Resilience développé dans sept autres pays (Allemagne, Angleterre, Espagne, Italie, Pologne, Russie et Vietnam), qui apprécie la soutenabilité et la résilience de leurs systèmes selon une méthodologie commune. Trois chercheurs de cet institut ont publié un premier rapport, qui part des définitions suivantes :

  • La soutenabilité est « la capacité d'un système de santé à maintenir ses fonctions essentielles tout en intégrant les principes de financement équitable, d'équité d'accès aux soins et d'efficacité. »

  • La résilience est « la capacité d'un système de santé à se préparer, à gérer (absorber, s’adapter et se transformer) et à tirer des enseignements des crises nées de chocs à court terme et de stress cumulés. »

Les auteurs ne visent pas à une évaluation exhaustive du système de santé français, mais à tirer les principales leçons, assorties de recommandations, de leur analyse. Celle-ci s’effectue à partir des fonctions fondamentales d’un système de santé, représentées par cinq domaines. Voici les traits marquants de leur travail.

  1. Gouvernance.

Centralisée et partagée entre État et Assurance maladie, voire avec les départements pour les soins médico-sociaux, elle a l’avantage de fournir sur tout le territoire des objectifs clairs et une réponse rapide en cas de crise. Mais elle ne tient que peu compte des particularités locales, offre peu de coordination entre les différents niveaux décisionnels, souffre de bureaucratie et s’occupe plus de volume que de qualité des activités de santé.

  1. Financement

La couverture santé s’applique à la très grande majorité de la population. Son financement diversifié permet une certaine souplesse des ressources. Ces dernières années, les innovations locales ont été facilitées. Mais la dépendance à l’égard des complémentaires santé pose des problèmes d’équité d’accès aux soins. Il n’y a pas de corrélation entre d’une part, les dépenses e d’autre part, la qualité et l’efficience des fournisseurs de soins, avec notamment une rémunération à l’acte entravant leur coordination. Les règles de financement de la prévention ne sont pas claires.

  1. Professionnels de santé.

Leur nombre est en augmentation. Les transferts de tâches et les nouveaux métiers se développent, ainsi que les partenariats public-privé dans le secteur hospitalier. La pandémie de COVID-19 a montré les capacités de mobilisation et d’innovation des professionnels. Mais leur répartition sur le territoire est très inégale, leur travail basé sur les tâches plutôt que sur les compétences et leur coordination entravée par la faiblesse de leur formation pluridisciplinaire initiale.

  1. Médicaments et technologies

Leur évaluation au niveau national, y compris économique, est de qualité. La e-santé est en plein développement. Mais les capacités de production nationale sont faibles, avec des problèmes croissants de pénurie dans certains domaines. Les génériques sont insuffisamment utilisés. L’accès aux données de santé est compliqué pour les chercheurs, alors qu’elles sont nombreuses et de qualité. Universités et start-ups ne collaborent guère.

  1. Organisation de l’offre de soins.

L’offre est variée, les regroupements encouragés, les capacités hospitalières publiques augmentent. Mais les collaborations entre professionnels et structures sont encore très insuffisantes. La prévention et la promotion de la santé sont les parents pauvres du système.