Asthme éosinophile : quelles caractéristiques prédisent la réponse aux biothérapies ?
- Caroline Guignot
- Résumé d’article
À retenir
- Selon l’analyse menée à partir de deux études cliniques randomisées ayant comparé le mépolizumab au placebo chez des patients asthmatiques sévères, un modèle prédictif basé sur plusieurs caractéristiques des patients avant l’initiation du traitement pourrait aider à prédire ceux pour lesquels l’anti-IL-5 pourrait être le plus efficace, alors même que tous y étaient éligibles.
- Cette preuve de concept suggère qu’il serait possible d’orienter de façon individualisée la prescription de ces traitements onéreux vers ceux ayant une forte probabilité de réponse au traitement. Pour être utilisé cet algorithme devra faire l’objet d’une validation externe.
Pourquoi est-ce important ?
Malgré la présence de biomarqueurs justifiant la prescription des thérapies ciblées dans le traitement des patients asthmatiques sévères, les études cliniques comme les données de vie réelle ont montré qu’il existait une hétérogénéité significative des réponses individuelles à ces traitements. Étant donné le coût de ces molécules, il pourrait être justifié d’identifier avant prescription ceux qui ont la probabilité la plus élevée d’y répondre. Les auteurs de cette étude ont donc combiné les données de deux essais cliniques randomisés internationaux ayant étudié le mépolizumab versus placebo afin d’explorer les paramètres prédictifs de réponse, tant en termes de prévention des exacerbations que de contrôle de la maladie.
Méthodologie
Cette analyse a été menée à partir des données individuelles de deux essais : DREAM (621 patients randomisés entre 75 mg, 250 mg et 750 mg de mépolizumab IV ou un placebo durant 52 semaines) et MENSA (576 patients randomisés entre 75 mg de mépolizumab IV, 100 mg de mépolizumab SC et un placebo durant 38 semaines). Les données présentées sont limitées aux patients ayant reçu le placebo ou les doses de 75 mg. Le critère principal d'évaluation était la réduction absolue du taux d'exacerbations sévères.
La recherche d’un modèle statistique prédictif de la réponse au traitement s’est concentrée sur une quinzaine de caractéristiques : âge, sexe, origine, indice de masse corporelle (IMC), tabagisme, ancienneté de l'asthme, volume expiratoire maximal par seconde (VEMS), réponse aux bronchodilatateurs, rapport VEMS/capacité vitale forcée, antécédents de polypes nasaux, taux d’éosinophile, taux d'IgE sériques, ancienneté de l’utilisation des corticoïdes oraux, nombre d'exacerbations sévères antérieures, contrôle de l’asthme (questionnaire ACQ-5).
Principaux résultats
L’analyse a été menée à partir des données de 634 patients (âge moyen 47,6-46,9 ans, 60% de femmes). À 1 an, la différence entre les taux annuels moyens d'exacerbations sévères sous mépolizumab versus placebo était de 0,71/an (1,13 vs 1,84/an respectivement) et celle du score moyen de contrôle de l’asthme était de 0,22 (score ACQ5 moyen de 1,40 vs 1,62 respectivement).
Les antécédents d'exacerbations, le taux d’éosinophiles, le score ACQ5, l'âge et l’ancienneté de l’utilisation des corticoïdes oraux étaient les facteurs les plus prédictifs du bénéfice du traitement sur la prévention des exacerbations sévères. Le taux d’éosinophiles, la présence de polypes nasaux, l'origine et l’ancienneté de l’utilisation des corticoïdes oraux étaient les plus fortement prédictifs du bénéfice du traitement sur le contrôle des symptômes.
L’hétérogénéité de la réponse individuelle au traitement était plus importante pour l'amélioration du contrôle de l'asthme que pour la réduction des exacerbations. Selon la courbe statistique de Lorenz, les 50% de patients ayant la plus forte probabilité de réponse bénéficieraient de 66% de l’ensemble des exacerbations sévères prévenues et de 75% de la réduction du score ACQ5. Par ailleurs, le fait de traiter les 20% de patients ayant le bénéfice prédit le plus élevé conduirait à une augmentation de 248% de l'efficacité du traitement sur la prévention des exacerbations sévères et une augmentation de 328% de l'efficacité du traitement sur le contrôle de l’asthme.
Principales limitations
Cette étude menée à partir d’essais cliniques randomisés ne reflètent pas forcément les données en vie réelle. Par ailleurs, certains paramètres tels que le taux de FeNO, les comorbidités ou le statut atopique n’ont pas été inclus dans le modèle statistique.
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