ASPREE : l'aspirine a-t-elle un intérêt en prévention primaire du risque cardiovasculaire ?

  • McNeil JJ & al.
  • N Engl J Med

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir 

L’étude ASPREE a montré à travers une autre publication que l’utilisation de l’aspirine à faible dose en prévention primaire chez les sujets âgés, n’entraînait pas de diminution du risque de maladie cardiovasculaire, de démence ou d’invalidité (critère composite principal d’évaluation). La publication présentée ici se concentre sur les résultats des critères secondaires d’évaluation, à savoir la survenue d’évènements cardiovasculaires et hémorragiques majeurs. Les conclusions de cet essai montrent que l’utilisation de l’aspirine à faible dose en prévention primaire chez les sujets âgés serait associée à une augmentation significative du risque d’hémorragie majeure sans diminution significative du risque de survenue d’un événement cardiovasculaire. 

Pourquoi cette étude a-t-elle été menée ?

Si le rôle de l’aspirine en prévention cardiovasculaire secondaire est bien établi, son intérêt en prévention primaire et notamment chez les sujets âgés qui présentent des risques augmentés n’est pas très clair. Des études antérieures laissaient supposer qu’un traitement par aspirine à faible dose pouvait être bénéfique à travers la réduction des évènements cardiovasculaires, ce qui n’est pas confirmé par les résultats de l’étude présentée ici.

Méthodologie

L’étude ASPREE (Aspirin in Reducing Events in the Elderly) a été menée entre 2010 et 2014, chez des hommes et des femmes basés en Australie et aux États-Unis, et âgés de 65-70 ans ou plus. Pour être inclus, ces individus ne devaient pas présenter de maladie cardiovasculaire, de démence, ou d’invalidité. Ils étaient randomisés pour recevoir 100 mg d’aspirine gastro-résistante ou un placebo. 

Principaux résultats

Sur les 19.114 sujets inclus dans l’étude, 9.525 ont reçu de l’aspirine et 9.589 un placebo. L’âge médian des participants était de 74 ans à la randomisation (56% de femmes). À l’inclusion les sujets des deux groupes présentaient un profil de risque cardiovasculaire similaire. Environ un tiers des participants avaient déclaré qu’ils prenaient une statine et 14% régulièrement un AINS. 

Au cours du suivi moyen de 4,7 ans, le taux de survenue d’un événement cardiovasculaire (critère composite secondaire d’évaluation : décès d’origine coronarienne, IDM non fatal, AVC fatal et non fatal, hospitalisation pour insuffisance cardiaque) était non significativement différent entre les deux groupes : 10,7 événements/1.000 personnes-années dans le groupe aspirine versus 11,3/1.000 personnes-années dans le groupe placebo, soit un hazard ratio (HR) de 0,95 [0,83-1,08]. 

Le taux d’évènements cardiovasculaires majeurs n’était pas significativement différent entre les deux groupes : 7,8 évènements/1.000 personnes-années dans le groupe aspirine versus 8,8/1.000 dans le groupe placebo, soit un HR de 0,89 [0,77-1,03].

En revanche, la différence de taux d’événements hémorragiques majeurs était significative entre les deux groupes : 8,6 évènements/1.000 personnes-années dans le groupe aspirine versus 6,2/1.000 dans le groupe placebo (HR 1,38 [1,18-1,62], p<0,001). Les saignements gastro-intestinaux représentaient un peu moins de la moitié des évènements hémorragiques. Le risque de saignement gastro-intestinal haut était plus élevé chez les sujets sous aspirine que sous placebo (HR 1,87 [1,32-2,66]), ainsi que le risque de saignement intracrânien (HR 1,50 [1,11-2,02]).

Principales limitations

À la fin de l’essai, seuls les deux tiers des participants prenaient encore les traitements évalués.