ASCO 2022 – Soins de survie de haute qualité, meilleures pratiques et comment les mettre en place
- Univadis
- Conference Report
Messages principaux
- En oncologie, le modèle à adopter pour assurer un suivi approprié des survivants passe par une coordination des soins primaires.
- Le prestataire de soins primaires, l’équipe dédiée à la survie, et tous les sous-spécialistes doivent collaborer pour contribuer à stabiliser les comorbidités existantes exacerbées par le traitement ou de nouvelles comorbidités.
- Il n’existe pas de modèle unique : chaque organisation doit mesurer ses résultats.
- L’équipe dédiée à la survie fournit également un risque personnalisé et doit pouvoir s’appuyer sur des soins stratifiés.
« En suivant les modèles de soins actuels dits de survie, qui sont fragmentés, ne répondent pas aux besoins des patients, et ne commencent qu’une fois l’oncologie terminée, nous enfreignons à titre collectif le principe de non-malfaisance. Dans le domaine de l’oncologie, il n’y a ni le temps d’évaluer et de prendre en charge toutes les comorbidités et toxicités actuelles des traitements anticancéreux, ni de mobiliser l’ensemble des spécialistes qui seraient nécessaires. De ce fait, du côté des patients, les toxicités se développent et ne sont pas contrôlées, et les comorbidités s’aggravent », a déclaré Catherine Alfano, vice-présidente de l’unité de recherche et de gestion des soins du cancer (Cancer Care Management and Research) de l’Institut du cancer du réseau de santé Northwell (Northwell Health Cancer Institute), lors d’une session pédagogique du congrès 2022 de la Société américaine d’oncologie clinique (American Society of Clinical Oncology, ASCO). « Les oncologues disposent d’un temps limité pour le suivi des patients, car il y a tant de nouveaux patients à voir. Le prestataire de soins primaires, souvent écarté dans un premier temps du parcours de traitement du cancer, n’est souvent pas suffisamment préparé pour fournir des soins continus ensuite. Les spécialistes ne sont donc pas impliqués dans la prise en charge des toxicités et le suivi est particulièrement incohérent ».
Limiter les toxicités et les comorbidités
L’ASCO suggère un modèle consistant en une coordination des soins primaires en oncologie : une approche des soins en équipe dans laquelle le patient, et son soignant, les oncologues et les cliniciens spécialisés dans la survie sont tous impliqués. Cela permettrait de limiter les toxicités pour les patients étant donné que l’équipe est en mesure d’orienter les patients vers des sous-spécialistes et des programmes axés, par exemple, sur la nutrition et l’activité physique. Le prestataire de soins primaires, l’équipe dédiée à la survie, et tous les sous-spécialistes doivent collaborer pour contribuer à stabiliser les comorbidités existantes exacerbées par le traitement ou les nouvelles comorbidités qui surviennent. Le prestataire de soins primaires et l’équipe dédiée à la survie conseillent sur les bons comportements à adopter en matière de santé pour améliorer le bien-être des patients sur le long terme. L’équipe dédiée à la survie fournit également un risque personnalisé et doit pouvoir s’appuyer sur des soins stratifiés.
« Cette approche des soins en équipe signifie que les patients sont efficacement pris en charge conjointement par le prestataire de soins primaires, l’équipe dédiée à la survie, l’équipe pluridisciplinaire, avec l’intervention, lorsque cela est nécessaire, de l’oncologie, de telle sorte que les patients, à mesure qu’ils passent dans la phase de suivi, ont l’assurance de se voir proposer un plan de soins de suivi clair. Chaque étape de ce cheminement doit intégrer, en plus des soins, la recherche et les essais cliniques afin que les patients aient accès aux meilleurs traitements possibles. »
Les stratégies suggérées par l’expert comprennent une attitude proactive des oncologues et des médecins de soins primaires, mais aussi un soutien des organismes de santé et la mise à disposition d’outils technologiques appropriés pour activer le réseau de spécialistes en cas de besoin. Afin de surmonter les éventuelles difficultés inhérentes à l’implication d’un nombre important de parties prenantes, Catherine Alfano suggère de commencer par une étude pilote, avec un nombre limité de patients et de médecins impliqués, afin de mesurer les résultats en termes de taux de récidive, de qualité de vie, d’effets secondaires évités et d’efficacité du système.
« Si la survie commence au moment du diagnostic, il devrait en être de même pour les soins de survie. Et nous savons tous que toute personne qui reçoit un diagnostic de cancer est un survivant du cancer dès le diagnostic et tout au long de sa vie », a déclaré Tara Sanft, oncologue médicale spécialiste du cancer du sein et directrice de la clinique de la survie (Survivorship Clinic) de Yale.
Meilleures pratiques
Kevin Oeffinger, médecin généraliste, directeur et fondateur de l’Institut du cancer Duke (Duke Cancer Institute, DCI) du Centre d’oncologie et de soins primaires (Center for Oncology-Primary Care), a rapporté les résultats d’une expérience menée sur près de 40 ans dans des cliniques de survie aux États-Unis. « Il ne s’agit pas d’un modèle unique. Au contraire, ce sont différents modèles qui intègrent les médecins de soins primaires (MSP) à différents moments. Le Centre de lutte contre le cancer Memorial Sloan Kettering (Memorial Sloan Kettering Cancer Center) a développé un programme dans lequel ce sont des professionnels de la santé avancés (médecins assistants ou infirmiers praticiens) qui suivent les patients. Ils effectuent entre 14 000 et 15 000 consultations de patients par an, environ. Chaque patient dispose d’un plan de soins de survie qui est envoyé au prestataire de soins primaires. C’est cette étape de mise en relation avec les MSP qui fut la plus difficile, en raison du volume. En effet, s’il y a 1 000 survivants, cela signifie qu’il y a aussi 1 000 MSP différents. À l’Université Johns Hopkins (Johns Hopkins University) de Boston, un groupe d’internistes généralistes reçoit des patients qui ont été traités pour un cancer dans leur clinique de soins primaires habituelle. Ils intègrent donc leurs soins de survie à leurs soins de routine. D’autres modèles intègrent également les soins de fin de vie si nécessaire. Le modèle que vous choisissez dépendra de l’organisation des soins primaires au niveau local. »
Enfin, l’ASCO insiste sur l’importance capitale de l’oncologie au niveau des soins primaires, en raison du nombre croissant de survivants et de modèles efficaces qui doivent être testés au niveau local. Néanmoins, seule une approche intégrée et à vie des survivants permettra d’optimiser les succès de nouveaux traitements oncologiques personnalisés et coûteux en termes de survie globale, de qualité de vie et de fardeau économique des soins du cancer.
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