ASCO 2023 - Chimiothérapie intrapéritonéale hyperthermique : La chaleur contre le cancer de l'ovaire

  • Drishti Agarwal
  • Actualités Congrès
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À retenir

  • Les patientes atteintes d'un cancer épithélial de l'ovaire de stade III qui ne sont pas éligibles pour une chirurgie de cytoréduction primaire peuvent bénéficier de l'administration d'une chimiothérapie chauffée à 42°C à la suite d'une chirurgie de cytoréduction d'intervalle. 
  • Cette "chimiothérapie intrapéritonéale hyperthermique" (HIPEC pour hyperthermic intraperitoneal chemotherapy) cible les tissus cancéreux résiduels microscopiques à la surface du péritoine. Le fait de cibler directement la surface maximise la dose de médicaments chimiothérapeutiques reçue. 
  • Gabe S. Sonke, chef du département d'oncologie médicale à l'Institut néerlandais du cancer, a présenté les résultats de l' étude intitulée "Final survival analysis of the phase III OVHIPEC-1 trial of hyperthermic intraperitoneal chemotherapy in ovarian cancer after ten year follow-up" lors du congrès annuel 2023 de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO)

Commentaire d'expert

"Les patients présentant des défauts de recombinaison homologue, mais sans mutation BRCA, ont tiré le plus grand bénéfice de l'HIPEC. Nous avons été surpris de constater que les patientes présentant une mutation BRCA n'en tiraient aucun bénéfice. Cela peut s'expliquer par le fait que ces patients sont déjà tellement sensibles à la chimiothérapie systémique que l'HIPEC n'est même pas nécessaire", déclare G-S. Sonke. "Afin d'examiner ces résultats plus en détail, nous entamons également un essai sur la synergie entre l'HIPEC et la mutation BRCA", ajoute-t-il.

Pourquoi cela est-il important ?

Parmi toutes les tumeurs gynécologiques, le cancer épithélial de l'ovaire présente les taux de mortalité les plus élevés dans les pays occidentaux. 

Le taux de récidive péritonéale est élevé malgré un traitement par chirurgie cytoréductive maximale et une thérapie systémique.

La surface péritonéale est le principal site de récidive du cancer de l'ovaire. L'administration de la chimiothérapie directement dans la cavité abdominale maximise l'exposition au médicament. 

Cette étude rapporte les premiers résultats de suivi à long terme de l'essai de l'HIPEC dans le cancer de l'ovaire.

Méthodologie

L'étude multicentrique de phase 3 OVHIPEC-1 a inclus 245 patientes atteintes d'un cancer épithélial de l'ovaire, des trompes de Fallope ou du péritoine de stade III nouvellement diagnostiqué, qui n'étaient pas éligibles pour une cytoréduction primaire.

Les patientes ont été randomisées (1:1) pour recevoir une chirurgie cytoréductive d'intervalle avec ou sans HIPEC (cisplatine, 100 mg/m2) à 42°C, administrée en utilisant la "technique du colisée" de la chirurgie abdominale ouverte. Cette technique consiste à soulever la paroi abdominale pour former un entonnoir dans lequel le chimiopérfusat circule à travers des lignes d'entrée et de sortie reliées à une pompe et à une unité de chauffage. Le traitement a été appliqué après que les patients aient reçu trois cycles de carboplatine et de paclitaxel néoadjuvants dans huit centres aux Pays-Bas et en Belgique.

Principaux résultats

Après un suivi médian de 10,1 ans, le critère d'évaluation principal de l'étude a été atteint : la survie médiane sans récidive était de 14,3 mois dans le groupe chirurgie plus HIPEC, contre 10,7 mois dans le groupe chirurgie seule (hazard ratio [HR], 0,63 [0,48-0,83] ; p stratifié = 0,0008).

La survie globale médiane était de 44,9 mois dans le groupe chirurgie plus HIPEC, contre 33,3 mois dans le groupe chirurgie seule (HR, 0,70 [0,53-0,92] ; p stratifié = 0,0113).

Aucune différence significative n'a été observée dans l'utilisation des thérapies ultérieures. Les traitements ultérieurs comprenaient des chimiothérapies à base de platine ou non, une chirurgie secondaire, des inhibiteurs de la poly (ADP-ribose) polymérase et du bévacizumab. 

Financement

L'étude OVHIPEC-1 a été financée par la Société néerlandaise du cancer.