Arythmie cardiaque chez les patients exposés aux anti-TNF
- Nathalie BARRÈS
- Résumé d’article
À retenir
- Une étude de cohorte nationale danoise montre qu’il n’y aurait pas de sur-risque significatif d’arythmie cardiaque lorsque des patients atteints de maladie inflammatoires chroniques des intestins (MICI) sont exposés aux anti-TNF.
- Les auteurs appuient sur le fait que « la principale force de cette étude réside dans la cohorte non sélectionnée de plus de 44.000 patients atteints de MICI, facilitée par les registres danois. Avec près de 380.000 années-patients de suivi, on s’attend à ce que même les évènements les plus rares soient détectés. »
- Si cette étude ne répond pas à elle seule aux préoccupations cliniques, ses résultats sont cependant rassurants.
Pourquoi est-ce important ?
Il existe un doute concernant le risque d’arythmie cardiaque grave sous anti-TNF que les données de la littérature n’ont pas jusqu’à présent réussi à lever. D’où l’intérêt de cette première étude de cohorte nationale menée sur une population non sélectionnée de patients atteints de MICI.
Méthodologie
Cette étude de cohorte danoise a été réalisée à l’échelle nationale chez des patients atteints de MICI et traités par anti-TNF. Tous les patients ayant reçu le diagnostic de MICI entre le 1er janvier 1995 et le 31 décembre 2018 et traités durant cette période par anti-TNF ont été identifiés. Les cas d’arythmie cardiaque, d’arrêt cardiaque ainsi que ceux chez qui un stimulateur cardiaque était implanté ont été identifiés. Les informations relatives à une chirurgie gastro-intestinale majeure, à l’exposition aux corticoïdes, à la prescription d’anti-TNF (infliximab, adalimumab, golimumab) ainsi que les comorbidités des patients ont été recueillies. Un ajustement des données a été réalisé notamment sur l’âge, le sexe, la date d’entrée dans l’étude, l’indice de comorbidité de Charlson, l’âge au diagnostic de la MICI, le type de MICI, la sévérité de celle-ci, l’année du diagnostic de la MICI.
Principaux résultats
L’étude a permis de suivre 44.053 patients atteints de MICI (14.660 atteints de maladie de Crohn et 29.393 atteints de rectocolite hémorragique) durant 9,57 ans (en valeur médiane). Durant cette période, 19% (n=8.589) des sujets ont été exposés aux anti-TNF (durée médiane 4,7 ans). Le délai médian entre l’entrée dans l’étude et l’initiation d’un anti-TNF était de 1,8 ans.
Une arythmie cardiaque (ou un arrêt cardiaque ou l’implant d’un stimulateur cardiaque) a été observée chez 161 patients parmi ceux exposés aux anti-TNF et 2.137 patients parmi ceux qui ne l’étaient pas, soit une incidence respective de 360,9/100.000 et 637,4/100.000 années-patients.
Après ajustement, le risque d’arythmie cardiaque était similaire entre les personnes exposées aux anti-TNF et les autres (hazard ratio (HR) 0,95 [0,80-1,13]). Le risque d’arythmie cardiaque n’était pas non plus augmenté en fonction du sexe.
Une analyse considérant les patients exposés seulement durant les 8 premières semaines de traitement par anti-TNF n’a montré aucun sur-risque statistiquement significatif d’arythmie cardiaque liée à l’exposition immédiate aux anti-TNF.
Principales limitations
Certains facteurs de risque cardiovasculaire classiques (indice de masse corporelle, statut tabagique) ainsi que la prise de certains traitements modifiant le risque d’arythmie n’ont pas pu être recueillis.
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