Arthroplastie totale : bilatérale ou unilatérale, que recommander ?

  • Raffaelli A & al.
  • Orthop Traumatol Surg Res

  • Nathalie Barrès
  • Résumé d’article
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À retenir

  • Chez les sujets de moins de 80 ans, ayant un ASA 1 ou 2, l’arthroplastie totale bilatérale simultanée n’augmenterait pas le taux de complications majeures précoces par rapport à l’arthroplastie totale unilatérale.
  • Le taux de complications mineures précoces serait significativement plus important en cas d’arthroplastie totale bilatérale qu’unilatérale.
  • Le taux de transfusion était plus important en cas d’arthroplastie totale bilatérale.
  • En revanche, le taux de complications tardives serait similaire, ainsi que le taux de survie, le score fonctionnel ou la satisfaction des patients.

 

Quel intérêt pour votre pratique ?

Dix pour cent des patients qui subissent une arthroplastie nécessitent une arthroplastie controlatérale dans l’année qui suit. L’arthroplastie totale bilatérale est une pratique fréquente aux États-Unis, en Suède ou encore en Nouvelle-Zélande, mais pas en France. 

Une seule intervention chirurgicale présente quelques avantages, comme des anesthésie, intervention, séjour hospitalier et programme de réhabilitation uniques, et donc une autonomie plus vite retrouvée pour le patient pour des coûts moindres pour la société. Des freins existent à cette pratique en France du fait d’une hypothétique augmentation du risque de morbi-mortalité. Aucune étude n’avait jusqu’à présent comparé le taux de complication d’une arthroplastie bilatérale et unilatérale au sein d’une population sélectionnée sur l’âge et le score ASA (score de l’American Society of Anesthersiologists, qui permet d’exprimer l’état de santé pré-opératoire d’un patient). Les résultats de cette étude pourraient amener à une évolution des pratiques si certaines barrières administratives sont dépassées comme l’expriment les auteurs à la fin de cet article.

 

Méthodologie

Cette étude rétrospective, monocentrique a comparé le risque de complications entre une arthroplastie totale unilatérale et bilatérale à partir d’opérations réalisées par un seul et même chirurgien chez tous les patients de moins de 80 ans ayant une arthrose invalidante, sans infection, classée ASA 1 ou 2 pris en charge dans cet établissement. Le taux de mortalité, ainsi que les taux de complications précoces et tardives ont été comparés entre les deux groupes.

 

Principaux résultats

Au total, les données de 182 patients opérés entre 2009 et 2019 pour arthroplastie totale unilatérale et 91 patients pour arthroplastie bilatérale réalisée le même jour ont été comparées. Chaque patient ayant subi une arthroplastie totale bilatérale a été apparié à 2 sujets contrôles. Les patients ont été suivis durant 2 ans. 

Quel que soit le groupe, aucun patient n’est décédé. Le taux de complications mineures précoces, c’est-à-dire dans les 3 premiers mois, était supérieur chez les patients ayant subi une arthroplastie unilatérale et semblable entre les deux groupes lorsqu’il s’agissait de complications majeures. Les complications tardives étaient similaires entre les deux groupes.

Le taux de maintien de l’implant était supérieur à 95% et comparable dans les deux groupes.

Les patients ayant subi une arthroplastie totale bilatérale sont restés plus longtemps hospitalisés et ont plus souvent nécessité une transfusion sanguine que ceux ayant subi une simple implantation (33% versus 2,2%).

Quel que soit le type d’intervention, le taux de satisfaction des patients, et les scores KOOS  (Knee injury and Osteoarthritis Outcome Score) et New score IKS (International Knee Society) étaient similaires.

Selon les auteurs : « Malgré ces excellents résultats, l’arthroplastie totale bilatérale le même jour est rarement pratiqué en France. L’une des raisons est la crainte d’une morbidité et d’une mortalité précoces. Un autre obstacle à l’adoption plus large de cette pratique est l’absence de code GHS spécifique pour les procédures bilatérales réalisées au cours d’une seule séance chirurgicale. En effet, le GHS français est de 5.365,81 euros, que l’intervention soit unilatérale ou bilatérale. Ainsi, l’économie de 36% à 40% des coûts hospitaliers constatée dans d’autres pays n’est pas possible dans le système de santé publique actuel en France ».